1. Le sanglot long des violons... (1)


    Datte: 15/01/2019, Catégories: BDSM / Fétichisme Auteur: Russel Price, Source: Xstory

    Le sanglot long des violons...
    
    Je ne sais pas pourquoi ces vers me viennent subitement à l’esprit lorsque je m’ennuie.
    
    Blessent mon cœur d’une langueur monotone...
    
    Mes pensées se confondent. La voix monocorde de mon collègue au bout de la longue table me parvient comme assourdie. Je ne suis plus là. Seule la lumière vive du vidéoprojecteur qui vient frapper ma rétine me rattache encore à la réalité de cet endroit.
    
    Je tressaute.
    
    Enfin non. C’est mon portable qui vibre. Curieux, je pensais l’avoir mis en silencieux. Je glisse ma main dans la poche de ma veste. En sort mon téléphone, que je déverrouille d’un geste.
    
    Un message.
    
    D’elle.
    
    Sibyllin.
    
    Trois mots.
    
    — Je suis là
    
    Sale petite garce.
    
    Je réfrène une montée de colère mais je sens mes joues qui se teintent d’un rose sang.
    
    Elle prend une liberté que je ne lui ai pas accordée. L’effrontée.
    
    Je consulte ma montre. 11h55.
    
    Et cette réunion qui n’en finit pas.
    
    Rapidement, je calcule mentalement le temps nécessaire pour la rejoindre.
    
    Et lui faire payer très cher son erreur.
    
    Trente minutes au moins. Au mieux. Je tapote la réponse. Aussi courte.
    
    — 12h30
    
    Je valide.
    
    Au pire, elle attendra. Tant pis pour elle. Torse nu. A genoux. Les mains posées sur ses cuisses. Tête baissée.
    
    Comme je l’imagine, je sens ma poitrine qui se tend et presque aussitôt, je me surprends à écarter les cuisses. Ma courte jupe étroite m’en empêche.
    
    Garce.
    
    Mon collègue termine d’expliquer ...
    ... l’inexplicable dans un brouhaha à peine couvert par le ronronnement de la climatisation.
    
    Je n’aime pas que l’on me désobéisse. Non. Charlotte le sait. Elle devait me répondre avant 10h sur sa disponibilité. 11h55. Elle l’a fait exprès. J’en suis sûre. Me provoquer. Voir si j’ai envie d’elle. Si je suis prête à bouleverser mon agenda pour sa petite personne.
    
    Je m’en veux de céder à la tentation. Pour ça et pour le reste, elle paiera.
    
    Mon collègue termine sa présentation. Aussitôt, les uns et les autres se lèvent et certains sont déjà à la porte. Je ferme mon bloc-notes, repousse mon fauteuil et me lève. En quelques enjambées, je retrouve mon bureau. Je retire prestement mes Louboutin pour une paire de New Balance nettement plus pratique pour un sprint dans le métro.
    
    — Aurélie !
    
    Mon assistante apparaît dans l’encadrement de ma porte.
    
    — Oui madame ?
    
    Hummm... Comme j’aime cette question... Même si je sais que le contexte en est fort éloigné...
    
    — Je m’absente jusqu’à 14h, 14h30. Vous prendrez mes appels.
    
    — Bien madame
    
    Et elle s’éloigne.
    
    Mon sac. Mes clefs. L’ascenseur déjà. Mon Dieu qu’il est lent. J’en profite pour boucler la ceinture de mon trois-quarts.
    
    Lumière du jour.
    
    Je ne cours pas. Elle ne le mérite pas même si je dois reconnaître que j’en crève d’envie. Alors que je passe devant la vitrine d’un magasin, je jette un œil à mon reflet. Grande. Elancée comme on dit. Moi je dirais maigre. Des jambes qui n’en finissent pas mais une absence ...
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