Les démons de Noémie (13) - Histoires de Sexe

Les démons de Noémie (13)

XIII

Confrontation

Noémie arriva devant la maison de Moussa, une grande bâtisse grise. Elle traversa l’allée qui coupait en deux parties une pelouse tondue fraîchement et se dirigea jusqu’à la porte d’entrée blanche. Celle-ci s’ouvrit avant qu’elle n’ait eu à frapper.

— Je vous attendais.

Dans l’entrebâillement se tenait un très grand homme noir, vêtu d’un t-shirt gris et d’un jean bleu. Il était large d’épaules, musclé. Le crâne rasé et des yeux marron clair, son visage dégageait bienveillance et sérénité malgré des traits émaciés. Il devait avoir entre quarante et cinquante ans.

Ils s’installèrent dans le salon, plutôt cosy et chaleureux. Sur une large cheminée trônait un grand miroir. Au milieu de la pièce, quatre grands fauteuils, en ce qui semblait être du bambou avec un dossier et une assise en tissu blanc, entouraient une large table basse noire d’un bois qu’elle n’identifia pas. Sur les murs blancs, en guise de tapisserie, étaient inscrits des mots dans diverses langues, mais elle comprit vite qu’il s’agissait du même : rédemption. Son regard fut également attiré par l’imposante bibliothèque aux innombrables livres. Elle remarqua aussi une malle, scellée par un cadenas. Deux grands tableaux terminaient d’habiller la pièce : un plutôt abstrait, aux jets de couleurs furieux, colériques sur un fond sombre et texturé ; l’autre était un portrait d’une femme noire d’une cinquantaine d’années, très belle.

— J’ai préparé du thé, à moins que vous ne ...

... préfériez un café ?

— Le thé me va très bien, répondit Noémie, un peu hésitante.

Elle était vêtue d’un pantalon gris et d’une chemise blanche. A ses pieds, des tennis blancs. Elle fixa son hôte pour essayer de le cerner un peu plus, en vain.

— André vous a parlé de moi ? Je l’ai eu au téléphone, il ne m’a pas dit grand-chose à part que vous aviez besoin de mon aide.

— Il ne m’a pas dit grand-chose non plus. Mais je ne vois pas comment vous pourriez m’aider, en fait.

— Racontez-moi et on verra bien, dit-il en souriant.

Noémie lui expliqua tout. L’homme n’eut pas l’air surpris. Il écouta avec attention, et ne sembla pas choqué le moins du monde.

— Vous devez savoir une chose sur moi. J’ai fait partie des services secrets français... entre autres.

Noémie s’étouffa avec son thé. Elle toussa pendant quelques secondes et reprit son souffle. Moussa rit aux éclats.

— Je vais vous raconter mon histoire, puisque vous êtes une amie d’André.

La jeune philippine se cala dans son fauteuil et écouta.

— Je suis né au Mali, à Djenné. Très jeune, j’ai vite compris que j’étais attiré par les garçons. Mais j’ai dû me cacher, bien sûr. J’ai masqué tout ça derrière une attitude de « petit dur, en développant mon corps et mes aptitudes à me battre. Et j’étais très, très bagarreur. Ensuite, à l’adolescence, j’ai été repéré par une milice rebelle, qui m’a « recruté » de force, en menaçant ma famille de représailles. Avec eux, j’ai fait beaucoup de choses abominables dont j’ai ...