1. Prélude - Deuxième partie


    Datte: 03/01/2019, Catégories: amour, mélo, amourpass, Auteur: Lilas, Source: Revebebe

    Note de l’auteur :
    
    Ce texte est réservé à un public averti. Il ne contient aucune scène érotique. Il raconte l’histoire, intellectualisée, de la rencontre de deux êtres que rien ne prédisposait à se revoir.
    
    - Monologue -
    
    Longue nuit. Petit matin étrange et apaisant ; je me suis réveillée dans la solitude d’un studio vide. Tu étais à la piscine. Premier matin sans tension, sans attention. J’ai pris mon petit déjeuner avec un plaisir que je n’avais pas apprécié depuis longtemps.
    
    Quand tu es revenu j’avais des étoiles plein la tête et la furieuse envie de croquer la vie à pleines dents. Tu as eu un premier sourire sincère, et j’en ai été heureuse.
    
    Faire le mieux que je peux devient une obligation, car le mieux que je puisse c’est bien assez, tu n’attends pas plus de moi ; tu attendais même moins, à surprendre ton regard réjoui.
    
    Nous partons en pique-nique dans un parc à côté de chez toi. C’est un songe qui prend forme. Le soleil est chaud et éclatant, il transforme la ville et illumine mon âme.
    
    Nous gravissons une colline, et tu jettes une couverture sur le tapis herbu et humide. J’ai très faim, nous commençons à manger. Tu me parles de ta vie à Genève, de ce que tu ressens ; précisément tu ne ressens rien, et c’est là notre point commun, il me semble.
    
    Nous sommes deux jeunes souches qui ont goûté trop tôt aux jouissances et aux souffrances du monde, deux jeunes souches desséchées par les mauvaises expériences et les déceptions immenses. Nous devrions ...
    ... étendre nos ramures vers le soleil, nous devrions nous élever par la base et acquérir le plus de hauteur possible ; tout ceci est pourtant si loin de nous. Un jour, sûrement. Pour le moment, nous poussons de travers…
    
    Tu me dis avoir tout donné à cette fille, et je le crois profondément. Moi aussi j’ai l’impression d’être vidée, d’avoir été pompée de l’intérieur sans avoir jamais reçu aucune énergie en retour. Je suis abandonnée émotionnellement et spirituellement, je suis abîmée par tant d’injustice et d’angoisse. Le néant du cœur est un phénomène extrêmement rare à vivre, cela n’arrive pas à tout le monde…
    
    Le soleil caresse ma peau, fait briller tes cheveux ; je te regarde entre mes yeux mi-clos. Je te trouve émouvant et triste, ça me fait de la peine pour toi. J’ai envie de te rassurer, de trouver les mots pour banaliser ton histoire, peut-être même plus tragique que la mienne, j’ai envie de te consoler ; mais quelque chose m’en empêche encore.
    
    Le fait que tu ne m’aies jamais consolée, toi, du chagrin que tu me causais ; peut-être aussi la sensation de torpeur que j’éprouve depuis l’été de l’année dernière. Comment pourrais-je bien avoir la capacité de consoler quelqu’un ? Rien n’est plus pareil.
    
    Je sens mon cœur paralysé par la souffrance, comme anesthésié par un ultime désir de survivance ; tu me confies avoir le même sentiment, tu dis tes sentiments engourdis par je ne sais quel choc thermique qui n’arrive pas à se dissiper. Je compatis.
    
    Tu ne dis rien, et je ...
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