1. Aroel et l'incident


    Datte: 02/01/2019, Catégories: fh, Oral Humour sf, Auteur: Gufti Shank, Source: Revebebe

    ... respiraient calmement. J’essayai de les ranimer, d’abord doucement, puis plus fermement, mais en vain. Pour l’avoir vu faire plusieurs fois, je parvins à ouvrir le sas du temporeur. Toujours extrêmement inquiet, je sortis faire quelques pas. La machine était posée sur le flanc sur une grande étendue de terre desséchée, presque désertique ; un grand soleil radieux et lourd éclairait quelques pins qui poussaient ça et là. À quelques centaines de mètres, un petit cours d’eau serpentait mollement dans le fond d’un grand lit. Ça me fit penser à l’endroit où j’avais atterri la première fois que j’étais arrivé dans le monde de Xara.
    
    Je portai l’une après l’autre les deux jeunes femmes jusqu’à l’ombre d’un arbre, tout près de la rivière, où nous serions moins écrasés par la chaleur. Je leur apportai de l’eau et leur mouillai le visage et la nuque. Thylis s’éveilla enfin.
    
    — Où sommes-nous ? bredouilla-t-elle.
    — Je n’en sais rien du tout. Et je ne sais pas non plus à quelle époque.
    — Le temporeur… les coordonnées d’espace-temps…
    
    Elle se redressa avec peine en se frottant la tête.
    
    — Doucement, chuchotai-je. Repose-toi. As-tu mal quelque part ?
    — Non, non… je crois que je vais bien. Et Aroel ?
    — Elle est toujours inconsciente.
    
    Thylis parvint à se lever et alla jusqu’au cours d’eau s’asperger encore le visage.
    
    — Que s’est-il passé ? lui demandai-je.
    — Je ne sais pas. C’est comme si la composante temporelle du déplacement n’avait plus répondu.
    — En quelle année ...
    ... sommes-nous ?
    
    Elle se dirigea jusqu’à notre véhicule, y entra. Je l’attendis en essayant une fois encore d’éveiller Aroel, qui à mon grand soulagement, ouvrit finalement les yeux à son tour. Elle semblait reprendre peu à peu ses esprits.
    
    — Nous sommes perdus ? s’inquiéta-t-elle.
    — Le temporeur est tombé en panne, semble-t-il. Thylis est partie voir ce qui n’allait pas.
    
    Elle revint justement.
    
    — Si le détecteur temporel fonctionne encore correctement, nous sommes en l’an 728, seconde lunaison.
    
    Presque deux cents ans plus loin que ce que nous avions souhaité…
    
    — Peux-tu réparer le temporeur ? demanda Aroel à sa « sœur ». Sais-tu au moins quel est le problème ?
    — Il semble que ce soient les cristaux de conversion antisolaire qui n’assurent plus leur rôle. Et… non… si c’est bien cela, je suis parfaitement incapable de corriger le problème.
    
    Aroel se mit presque immédiatement à pleurer. Thylis soupira en s’asseyant à l’ombre du grand pin. Pour ma part, même si j’étais désespéré, j’avais plutôt l’intention d’essayer de trouver un moyen de survivre. La rivière voisine nous fournirait de l’eau ; il restait à trouver à manger.
    
    — Nous ne sommes pas loin de notre nation, expliqua encore Thylis. Nous pourrions tenter de nous y rendre. Peut-être y trouverons-nous de l’aide.
    — À pied ? Sous ce soleil de plomb ? s’agaça Aroel.
    — Non, je pense que je peux encore déplacer le temporeur dans les trois coordonnées spatiales. Venez.
    
    ***
    
    Seconde lunaison de l’an 728, ...
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