1. Addicte (7)


    Datte: 31/12/2018, Catégories: Lesbienne Auteur: Orchidée, Source: Xstory

    ... faire circuler l’info. On m’aborda alors avec un acharnement singulier, je devins en peu de temps le trophée du lycée, la forteresse à prendre, « la fille qu’il fallait avoir avant les autres ». Mon refus systématique attisait les convoitises, chaque garçon tenait à tirer la notoriété d’être le premier à profiter de mes faveurs.
    
    À bien y réfléchir, il m’était impossible de ressentir une quelconque attirance pour une physionomie dont je rejetais les caractéristiques. La seule pensée de ces mains trop grandes et trop nerveuses sur moi me donnait envie de fuir. Pas question de subir leurs lèvres sur les miennes, leur langue dans ma bouche, leur sexe dans mon ventre.
    
    Moins le fait de rejeter les mecs qu’un agacement évident en leur compagnie devint un sujet d’étonnement, puis de débat, une rumeur enfla. Le terme de « gouine » – insulte suprême dans la bouche des lycéens – commença à circuler. La complexité du problème m’effraya par crainte de l’exclusion, la pire des punitions pour une adolescente, et un démenti violent aurait aussitôt pris l’apparence d’un aveu de culpabilité même si rien dans mon attitude ne laissait penser à une attirance pour les nanas.
    
    Mes émotions avaient moins d’importance qu’une mauvaise réputation impossible à gérer. Je m’offris sous la pression des copines à un autre mec connu pour sa vantardise. On ne me traita plus de gouine mais la nouvelle épreuve m’écœura au point de semer le doute sur ma nature profonde, j’étais peut-être frigide ou ...
    ... de ces filles qui n’étaient pas faites pour l’amour. Seule certitude, il n’y en aurait pas de troisième fois.
    
    Mes fantasmes ne m’entraînaient pas encore vers l’homosexualité, pourtant dans ma chambre, la masturbation devint un exercice quotidien. Je passais des heures entières à observer mon reflet dans la glace, à me toucher jusqu’au désir de me caresser, parfois ça m’entraînait vachement loin. La première chose que j’ai faite en arrivant à Paris a été de me branler dans la salle de bain. »
    
    Ouf ! J’avais l’impression d’avoir fourni un effort surhumain à raconter en mangeant mes souvenirs de lycéenne.
    
    – Comment tu as deviné ton attirance pour les femmes ? demanda Talya absorbée par le récit.
    
    – Ma rencontre avec Agnès à la terrasse d’un bistrot. Elle avait peut-être cerné ma personnalité ou c’était le hasard, en tout cas ce fut une véritable révélation. J’aurai voulu le savoir plus tôt, ça m’aurait évité bien des souffrances.
    
    La gentillesse de Talya se voulut un baume sur une blessure mal cicatrisée dont il me faudrait longtemps porter les stigmates.
    
    – Je comprends mieux ton désir de rattraper le temps perdu, ma chérie. En fait, tu te libères de tes frustrations passées.
    
    Loin d’éprouver une pitié nauséabonde, mon amie prit une décision ferme.
    
    – Puisque les mecs te gênent, continua-t-elle complice, on les évitera. Leur présence ne m’est pas indispensable. On va faire un tour dans le Marais après dîner ?
    
    L’idée de finir la soirée chez moi me traversa ...
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