Don du Ciel
Datte: 28/12/2018,
Catégories:
Première fois
Auteur: bysimulacre, Source: Literotica
... de sa besace quelques morceaux de viande séchée ainsi que des fruits dont nous fîmes notre maigre repas. Le feu diffusait une chaleur bienfaisante. L'orage était assourdissant. Un bruit tel envahissait la grotte qu'il eut été bien inutile d'essayer de converser, ce qui d'ailleurs, à mon avis, n'était pas un mal. Les murs de roches grises n'offraient aucun asile où poser les yeux, aucun échappatoire qui puisse expliquer une contemplation quelconque. Mon regard, constamment, retrouvait le chemin de cette jeune femme et même si le silence ne pouvait se faire entendre, sa présence était tangible. Une jambe menaçait de s'échapper de sa couverture, j'en apercevais le dessin à la commissure. Derrière, dans l'ombre, la promesse à peine dessinée d'une courbe.
La lueur du feu dansait sur sa peau, y créant des jeux d'ombres qui alimentaient mon imagination. Je détournai le regard, en colère contre moi-même, surpris de me trouver si faible, moi qui jamais n'avais été sérieusement tenté par les désirs charnels. Bien sûr, à quelques reprises, dans des instants de faiblesses, il m'était arrivé d'user d'attouchements interdits, mais toujours j'avais fait pénitence et jamais je n'avais posé les yeux sur une femme de façon inconvenante. J'eus, un instant, la ridicule impression qu'elle devait être une tentation envoyée par le Malin mais chassai bien vite cette idée saugrenue. Pourquoi le diable aurait-il perdu son temps à tenter un homme qui avait déjà décidé d'abandonner la soutane, de ...
... quitter à jamais la vie ecclésiastique? Bien sûr tant que je n'avais pas quitté officiellement j'étais lié par mon voeu de chasteté mais j'aurais fait un bien maigre trophée.
Ma propre nudité sous la couverture m'incommodait. Je jetai un coup d'oeil à mes habits encore trempés; impatient de m'y camoufler à nouveau, comme si ces guenilles pouvaient me protéger de la tentation. Je sentais son regard posé sur moi. J'avais l'inconfortable impression que ses yeux scrutateurs pouvaient mettre mon âme à nu. Pour me donner une contenance, je ramassai une branche que j'utilisai comme un tisonnier. N'avait-elle donc aucune retenu? Ne voyait-elle pas que son examen me perturbait? Je sentis l'exaspération gronder en moi. J'étais irrité par celle qui s'arrogeait tout naturellement le droit de me détailler ainsi, mais mon courroux ciblait avant tout moi-même. Je m'acharnai à remuer les braises, à attiser avec vigueur le feu qui n'en avait nul besoin. Croyais-je donc qu'alimenter le feu qui nous réchauffait, étoufferait celui qui menaçait de s'embraser dans le bas de mon ventre?
Je risquai un coup d'oeil dans sa direction. La tête légèrement inclinée vers l'épaule gauche, dans une attitude empathique, elle m'observait toujours. Une légère ride, indice d'un questionnement, marquait son front. Elle plongea son regard dans le mien et me sourit doucement. Un de ces sourires où la joie est remplacée par la compréhension, l'acceptation. Elle se leva. Aux aguets, je la vit s'avancer vers moi. ...