1. Un futur grisâtre


    Datte: 25/12/2018, Catégories: mélo, sf, policier, Auteur: Sarah J., Source: Revebebe

    – I –
    
    La jeune fille quitta la boîte de nuit, passablement éméchée. Après s’être assuré qu’elle ne partait pas en voiture, le videur la regarda s’éloigner, titubante. Il voulut la rattraper, inquiet de la voir s’en aller seule, mais des cris venant de l’intérieur l’obligèrent à rentrer et il l’oublia.
    
    Elle progressait lentement, à petits pas, les mains à la recherche du moindre appui pour la soutenir. C’était la première fois qu’elle était aussi soûle et elle ne trouvait pas cela si désagréable. Elle errait depuis quelques minutes lorsqu’elle leva la tête et se rendit compte qu’elle s’était perdue.
    
    Les immeubles qui l’entouraient ne ressemblaient aucunement à ceux de son quartier. L’éclairage était inexistant et les rues désertes. Elle bifurqua sur sa droite, s’engagea dans une ruelle étroite. Elle s’aperçut rapidement que c’était une voie sans issue. Elle fit demi-tour et en arrivant au carrefour, tomba nez à nez avec un homme qui semblait attendre, adossé au mur d’un bâtiment couvert de graffiti.
    
    — Je suis perdue. Aidez-moi à rentrer chez moi, s’il vous plait.
    
    Elle s’écroula à moitié dans ses bras et il la rattrapa de justesse. Il la porta plus qu’elle ne marcha et ils retournèrent dans la petite rue qu’elle avait empruntée précédemment.
    
    — Non, j’y suis déjà allée par là. Il n’y a rien.
    
    Mais l’homme ne s’arrêta pas. Ils arrivèrent devant un mur de béton, au pied duquel un tas d’ordures et une épave de voiture dormaient. Quand elle se rendit compte ...
    ... qu’elle ne marchait plus mais que l’homme la portait, elle sortit de sa torpeur. Ses pieds cherchèrent un appui pour résister, mais ils battirent l’air. Elle hurla, mais personne ne l’entendit. Ou ne voulut l’entendre.
    
    Elle reprit son souffle, prête à appeler à nouveau à l’aide, mais il la frappa et la jeta sur le capot de la voiture. À moitié assommée, elle le vit s’approcher, telle une ombre gigantesque. Sa tête la faisait atrocement souffrir et le sang lui remplissait la bouche.
    
    Elle essaya de crier, mais elle avait le souffle coupé par le choc. Elle ne sentait plus ses jambes, ni ses bras. Elle regarda l’homme, sans pouvoir bouger, ni hurler, déchirer ses habits avec un couteau. Puis elle s’évanouit.
    
    – II –
    
    C’est la sonnerie du téléphone qui la délivra de son cauchemar. D’habitude, cela durait bien plus longtemps. Elle remercia intérieurement son futur interlocuteur, quel qu’il soit. Bonne ou mauvaise nouvelle. Elle craignait la nuit ces derniers temps, elle craignait de s’endormir.
    
    Elle regarda son réveil qui affichait cinq heures cinquante-sept en chiffres de sang. Finalement, ce coup de fil, qu’elle classait désormais dans la catégorie mauvaise nouvelle étant donné l’heure, n’avait écourté sa nuit et sa souffrance que de trois minutes. Elle décrocha après être passée par-dessus la bosse que faisait celui dont elle ne se remémorait plus le nom pour le moment, mais cela lui reviendrait.
    
    — Allo ? … Oui… Où ça ? … OK, j’arrive.
    
    Elle raccrocha et se tourna ...
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