1. Une si brave épouse 4


    Datte: 08/12/2018, Catégories: Entre-nous, Hétéro Auteur: Accent, Source: Hds

    ... sournois, les deux hommes s'étaient formé une opinion. Si bien qu'ils me livraient à ma peine, souhaitant peut-être que, dans mon désespoir, je mette fin à ma vie et à une enquête pénible pour eux.
    
    Le lendemain, par un coup de téléphone, on me fait savoir que ma femme a raté son suicide: elle vivra. Je n'ai pas le coeur à plaisanter, mais je relève, in petto, qu'elle a raté sa journée d'hier au moins deux fois. Je passe du remords de celui qui a mal géré la situation au soulagement de la savoir en vie. On gâte ma joie en quelques mots :
    
    - Non, vous ne pouvez pas lui rendre visite aujourd'hui, avant qu'elle ne soit en état de parler. Personne ne doit influencer ses premières déclarations. Demain après-midi ou en soirée, peut-être pourrez-vous l'apercevoir.
    
    Toujours suspect, mais libre ! Je peux reprendre le cours de mes tristes pensées, ressasser mes regrets, ruminer mes remords, peser le poids de mon attitude dans la décision de ma femme d'en finir. Le troisième jour seulement, le 8 décembre on accepte que je fasse une courte visite à la convalescente. Avec moi, elle garde un silence obstiné. Elle m'a , paraît-il lavé de tout soupçon. Son regard caché derrière des paupières mi-closes reflète tristesse et abattement. Je n'aurai reçu qu'un très rapide sourire à l'arrivée dans sa chambre. Comment ne pas être affligé quand je referme sa porte ?
    
    Dans le couloir, on m'appelle. Je me retourne et reconnais Roland, le collègue de bureau d'Odile. On s'est rencontré ...
    ... plusieurs fois dans les grands magasins ou les hypermarchés, sans avoir noué de relation particulière. Odile m'a expliqué qu'ils s"entendent bien, en raison des longues années de travail commun. Dans mon état de prostration, le son d'une voix étrangère mais qui semble compatir me fait du bien. C'est gentil de la part d'un collègue de s'informer de la santé de ma femme. Nous nous saluons, je suis maintenant moins malheureux. On ne m'accuse plus, on m'adresse la parole J'accueille cet homme avec bienveillance.
    
    - Je suis Roland.
    
    L'entrée en matière sous-entend que ma femme m' a suffisamment parlé de ce collègue. Il respire en cherchant sur mon visage une réaction. J'écoute sans plus, Roland doit être déçu de mon apparent manque d'enthousiasme. Il reprend la parole.
    
    - Vous avez eu la chance de la voir; on me l'a refusée. Comment se porte-t-elle ? A-t-elle la vie sauve? Aura-t-elle des séquelles ?
    
    Je reste forcément vague:
    
    - On me dit qu'elle est sauvée. Elle est encore trop faible pour parler beaucoup.
    
    Je ne dis pas qu'elle est restée muette.
    
    - On n'a pas voulu me laisser entrer. Je comprends mieux. Il ne faut pas trop la fatiguer après le choc. Je ne l'aurais pas crue capable de ce geste de désespoir. Pas elle, si pleine de vie
    
    - Je suis comme vous incapable d'expliquer sa décision. Quel mal lui ai-je fait pour qu'elle veuille me quitter ainsi ? J'ai beau réfléchir.
    
    - Vous culpabilisez aussi ? Je me demande si je ne suis pas aussi un peu à l'origine de son ...
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