Appât pas à pas - Histoires de Sexe

Appât pas à pas

... régulièrement, mais se les partageaient – et lança une recherche.

— Voici tous les mails échangés avec « Sylvain », six en tout depuis janvier. Eh… le dernier de lui date d’avant-hier, et Fanny n’a pas répondu.

Marc amorça un geste de victoire, aussitôt réfréné, par égard pour Mathilde. Du coup, cela ressemblait plus à de l’incompréhension, et Mathilde l’interpréta comme telle.

— Fanny a probablement voulu attendre vos instructions avant de répondre, vous n’avez pas eu le temps de lui parler depuis hier. Attendez un peu avant de lui en parler, n’oubliez pas que notre enquête doit rester confidentielle. Il faut décider quoi faire maintenant.

Marc savait que la vraie raison était qu’il avait donné pour consigne aux adjointes de ralentir volontairement le rythme des échanges de messages avec les suspects d’intérêt faible, afin d’éviter une surcharge de travail. Mais ce n’était pas le moment de le dire, concernant Théron/Klein il était déjà bien assez coupable de négligence comme cela.

— On a une opportunité unique avec Fanny. Il est aux abois et a besoin de chair fraîche, même s’il l’avait rejetée en décembre. On n’a pas à l’appâter, il l’est déjà ! Il ne soupçonnera rien, il suffit de lui répondre.
— Pourquoi l’a-t-il rejetée en décembre ?
— Je m’en souviens maintenant, il a dit quelque chose comme « tu as l’air d’avoir quinze ans, pas dix-neuf ». Sur le moment j’ai interprété cela comme une crainte saine de la justice – vous êtes bien placée pour le savoir, ...

... rien de tel que la peur du gendarme pour faire un honnête homme. C’est aussi vers ce moment-là qu’on l’a identifié et comme il n’avait pas d’antécédents, cela le faisait retomber en niveau deux. Recruter des jeunes filles majeures pour participer de leur plein gré à des expériences sexuelles variées n’est pas illégal, et le sous-entendu de rémunération de l’annonce était trop vague, il ne l’avait jamais précisé durant l’échange. Avec le recul et les informations que l’on a sur Klein, je pense que sa peur avait une raison précise. Si ça se trouve, le moyen de chantage que le milieu a sur lui est lié à une mineure, ils ont très bien pu lui en glisser une dans une de ses parties fines, puis faire quelques photos, ce serait assez leur style…

Longtemps l’unité avait créé des personnages d’adolescentes pour piéger des suspects. Profitant de l’absence de Mathilde, Marc avait largement changé cela. Tout homme a un prix, et plus la tentation était bien conçue, plus l’on risquait de corrompre quelqu’un qui serait resté autrement honnête. Créer des délinquants était moralement et juridiquement un cas limite. Le sujet étant délicat parmi les membres de l’unité, partagés sur le sujet, Marc avait évoqué surtout des raisons pratiques pour proposer un changement de méthode. Sa plaidoirie auprès du capitaine avait été la suivante :

— On risque d’envoyer un tiers de la population mâle devant les juges, la plupart sans antécédents. Les plus malins auront assez de jugeote pour jurer qu’il ...