Appât pas à pas - Histoires de Sexe

Appât pas à pas

... mur opposé : ils étaient destinés à faire ressembler la pièce à une chambre de jeune fille, et ne convenaient pas cette fois.
— J’ai exagéré un peu pour qu’il soit heureusement surpris, dit Marc, un peu étonné non du fait que Mathilde proteste, mais que cette protestation porte sur ce qui ressemblait bel et bien à une coquetterie. Il reprit :
— Ces murs sont très moches, vous direz que vous vous êtes enfermée dans le local d’archives pour être tranquille.
— Cette fois, je vais devoir prendre le clavier…
— Il y a aussi un micro, vous vous parlerez, c’est plus simple. La caméra du PC ne marche plus, mais j’en ai installé une autre.

Marc décrocha le tableau blanc du mur et le plaça juste derrière la caméra, elle-même fixée par un clip en haut de l’écran.

— Je resterai là, hors champ. Éventuellement j’écrirais si j’ai une idée qui puisse apporter quelque chose. Mais ne vous inquiétez pas. Être nerveuse est tout à fait normal, cela ne le surprendra pas. Rappelez-vous les règles de base. Mentez le moins possible. Si vous devez le faire, soyez aussi près de la vérité que possible. N’oubliez pas que MLF vous ressemble par certains côtés. Vous êtes en position de force… sa chance, c’est vous. Mais c’est par votre faiblesse affichée que vous le manipulerez.

En son for intérieur, Marc craignait surtout que quelque chose mette Mathilde en colère après Klein et qu’elle l’envoie se faire voir. Ce ne serait pas du tout cohérent avec son personnage et mettrait tous leurs plans ...

... en l’air.

Un nouveau message arriva.

— Allez-y…

Mathilde inspira puis expira lentement, profondément, puis se connecta.

Marc ne pouvait pas voir l’écran, seulement le visage de Mathilde. Il vit son expression se figer et ses yeux se fixer sur l’écran.

— Bonjour, dit une voix grave provenant de l’ordinateur.
— Bonjour, répondit Mathilde, d’une voix peu naturelle.
— Je me demandais si vous étiez bien réelle, et pas quelqu’un d’autre en train de fantasmer derrière un clavier. Mais vous voici, petite pute. Vous pensez vraiment valoir quelque chose ?

Marc cilla. Klein y allait vraiment fort et testait sa « candidate » sans aucun ménagement. Cela semblait confirmer qu’il était pressé et de ce point de vue, c’était une bonne chose. Mais il allait falloir que Mathilde tienne le choc. Elle avait la bouche entrouverte, les yeux écarquillés, comme frappée en plein plexus. Cette expression lui donnait un aspect plus candide qu’à l’habitude. « Parfait », pensa-t-il, « Mais que va-t-elle dire » ?

— Je ne suis pas sûre de valoir grand-chose, dit Mathilde. J’espérais pouvoir le découvrir. Mais si vous pensez qu’aucun homme ne sera intéressé, j’ai peut-être… rêvé pour rien, dit-elle après avoir cherché ses mots. Je regrette de vous avoir fait perdre votre temps.

Marc était pétrifié. Prendre une position humble était une bonne chose, mais voilà queP’tit’Bull en rajoutait carrément… sur un ton légèrement irrité qui contredisait son humilité. Espérait-elle se défiler ...