La conversion
Datte: 22/10/2018,
Catégories:
fh,
extracon,
inconnu,
volupté,
pénétratio,
fdanus,
fsodo,
init,
Auteur: Lignière, Source: Revebebe
CHAPITRE I
J’aime tout particulièrement le jeudi soir. C’est un jour particulier, coincé entre les soirées un peu ternes du début de la semaine et celles beaucoup plus vivantes des vendredi et samedi. Sortir le jeudi soir, c’est comme assister à la répétition d’une pièce de théâtre, c’est flâner dans une cuisine en picorant dans les faitouts, c’est marauder les premières cerises assise à califourchon sur une branche de l’arbre, c’est prendre des kilos à la vitrine du pâtissier. Souvent seule, ce jour-là, j’ai pris, depuis longtemps, l’habitude d’aller soit au cinéma soit au restaurant ou quelques fois aux deux.
Ce soir, je découvreLe Félix une brasserie qui vient tout juste d’ouvrir sur le quai qui longe le canal Saint Félix, naturellement. La salle est vaste, haute de plafond, largement éclairée par des murs de verre qui donnent sur la rivière toute proche, les tables sont suffisamment espacées les unes des autres pour préserver l’intimité d’une conversation et, miracle, la zone non-fumeur n’est pas coincée, tout au fond, entre la cuisine et les toilettes. Gentiment, le serveur me propose une table ronde prévue pour quatre personnes en justifiant qu’en ce début du mois d’août, les clients se font plus rares et qu’il faut savoir en profiter. J’accepte volontiers, je pourrai ainsi, sans vergogne, prendre mes aises, étaler mes coudes sur la table et ne pas être obligée de gérer l’espace attribué à la salière, la poivrière ou au bouquet de fleurs. J’abhorre ces ...
... restaurants dotés de tables format timbre-poste. Comment le patron pourra-t-il me convaincre qu’il va apporter du bonheur dans mon assiette alors, même, qu’il me prive du confort et de l’intimité qui auraient pu me le faire savourer pleinement ?
La carte que me présente le garçon est courte, composée essentiellement de poissons et de légumes. C’est bien, je ne peux pas espérer mieux ce soir. Je me laisse tentée par des langoustines sautées à vif, puis par un tartare de bar relevé d’une sauce aigrelette au gingembre et citronnelle que j’accompagne d’une demi-bouteille de rosé de Loire. Le serveur s’éloigne, je peux me laisser aller contre le dossier de ma chaise. J’apprécie ma soirée, il fait beau, le soleil couchant se reflète dans l’eau de canal tout proche. Je sirote à petits traits le rosé que l’on m’a apporté puis fait goûter. J’aime tellement vivre lentement, savourer le temps qui passe. Je parcours la salle du regard et m’attarde sur ceux des clients qui me semblent les plus pittoresques, les plus joyeux. Les couples qui, de toute la soirée, n’échangeront pas dix mots me font déprimer et ne m’intéressent pas. J’espère n’avoir jamais à vivre cela.
Ici, une famille en vacances venue dans leur voilier qui est amarré au ponton voisin ; elle, blonde et pantalon blanc, lui, cheveux poivre et sel, un sweat bleu marine négligemment noué sur les épaules, les deux garçons et la gamine blonds et en bermuda ; classiques et tellement prévisibles. Là un couple, sans doute illégitime, ...