1. Hébergement d'urgence (22)


    Datte: 08/02/2018, Catégories: Entre-nous, Hétéro Auteur: Exorium, Source: Hds

    – Attendez !
    
    Je m’apprêtais à m’asseoir pour déjeuner.
    
    – Attendez ! Baissez ça !
    
    Mon pantalon de pyjama.
    
    Et elle m’a enfourné dans la cage. A verrouillé.
    
    – Là ! Voilà ! Vous v’là paré pour la journée. Et même peut-être pour plusieurs jours. On sait pas. On verra.
    
    Elle est allée se servir un café. Venue s’asseoir en face de moi.
    
    – Elle en était sûre, Romaine.
    
    – De quoi donc ?
    
    – Que ça se passerait comme ça, ce matin. Qu’il y aurait pas besoin de grands discours. Que ça irait de soi. Parce que j’ai fait le plus dur.
    
    Elle a avalé d’un trait son verre de jus d’orange.
    
    – Elle trouve que ça va vite avec vous, n’empêche. Très vite. Mais que ça pourrait aller encore plus vite si je voulais. Que je pourrais brûler les étapes. « T’avais déjà pris le pas sur lui avant. Alors maintenant t’as plus qu’à dérouler. » Sauf que moi, j’ai plutôt envie de prendre mon temps. De bien en profiter. Parce que c’est pas tous les jours qu’on a l’occasion de vivre un truc pareil. Même pour vous, d’ailleurs, c’est mieux, dans un sens.
    
    – J’ai l’impression que cette Romaine te donne de bien mauvais conseils.
    
    – Ou de très bons au contraire.
    
    – Je peux te demander quelque chose ?
    
    – Essayez toujours !
    
    – Qu’est-ce que vous aviez de si important à vous dire, hier soir, que j’avais pas le droit d’entendre ?
    
    – Ah, vous aimeriez savoir ça, hein ! Eh bien vous saurez pas.
    
    J’ai dû esquisser, sans le vouloir, une petite moue de désappointement parce qu’elle a ...
    ... aussitôt ajouté.
    
    – Eh, oui, c’est frustrant ! Mais ça, va falloir vous y faire à la frustration. Et pas qu’un peu ! Parce que le but, à terme, c’est que vous en tombiez éperdument amoureux de la frustration justement. Qu’elle vous satisfasse mille fois plus que n’importe quoi d’autre. Dans tous les domaines. Oh, mais on y arrivera, vous verrez, on y arrivera.
    
    Elle a souri.
    
    – Ça vous allèche, hein, cette perspective ! Oh, si, si ! Au moins un peu. Et même plus qu’un peu. Vous pouvez pas dire le contraire. Ça se voit dans vos yeux. Mais tant mieux ! Ça va nous faciliter les choses.
    
    Elle est allée déposer sa tasse dans l’évier.
    
    – Déjà, ce soir, avec Alexis, on va pas mal décanter de ce côté-là. Parce que la cage, je vais vous la laisser, ça, c’est sûr. Ça s’impose. Mais après, qu’est-ce qu’il vaut mieux ? Que vous vous contentiez de nous regarder faire des trucs ensemble, lui et moi ? Ou que, d’une façon ou d’une autre, vous participiez ? J’arrive pas à me décider. J’hésite. Oh, mais il y a pas le feu n’importe comment. On a jusqu’à ce soir pour y penser. Allez, on va ouvrir maintenant. C’est l’heure.
    
    * *
    
    *
    
    Elle a fini de servir sa cliente, l’a regardée partir, m’a rejoint à la caisse.
    
    – Il y a un truc qu’on pourrait faire… Qui me plairait bien…
    
    – Oui ?
    
    – Ce serait que j’en choisisse une, de cliente, à un moment où il y aurait pas trop de monde, que je lui dise, en confidence, que je vous enferme la queue et que je lui propose d’aller jeter un coup ...
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