Retour à Paris - Histoires de Sexe

Retour à Paris

... ses yeux la moindre trace d’incrédulité, pourtant il y aurait de quoi. Quand il a fini, elle énonce calmement :

— Alors c’est pour me préserver que tu m’évites.
— Tu ne voudrais pas en plus que je t’entraîne dans cette folie. Je t’aime trop pour ça. Je suis devenu infréquentable. Il faut mieux que l’on ne se voie plus.
— Tu m’aimes trop, relève-t-elle.

Cela lui a échappé. Il s’en veut. Il a perdu une bonne occasion de se taire. Déjà ce n’était pas facile et il vient d’en rajouter une couche. Il cherche quoi répliquer qui ne soit pas brutal et qui atténue ses paroles. Avant qu’il n’ait trouvé, elle enchaîne :

— Arrête-moi si je fais une erreur. Si j’ai bien compris, tu es devenu l’incarnation de deux dieux avec pour mission de rendre mère toute femme que tu touches. Si tu n’en touches pas, la vie devient un enfer.
— Oui.
— À l’hôpital, avant de savoir, tu as été en contact avec deux infirmières, dont l’une qui était stérile est enceinte.
— Oui.
— Après, tu es entré en contact avec des personnes qui t’énervaient, l’archéologue et ta directrice, ou avec qui tu avais un contentieux, ton ex et celles qui ont pourri la vie de ta sœur.
— Oui.
— Je suppose que la liste des personnes à qui tu en veux n’est pas longue.
— Effectivement.
— Que feras-tu après ?
— C’est ce qui m’angoisse. Je ne puis chasser dans la rue et prendre des femmes au hasard. Je ne sais quel drame cela peut provoquer.
— C’est effectivement un problème auquel il faudra que nous trouvions une ...

... solution.
— Nous ?
— Moi aussi. Je t’aime trop pour t’abandonner quand tu es dans la peine. Avoue, sans cette statuette, nos relations auraient pris un tour plus… intime ?

Bernard reconnaît :

— C’est vrai, mais maintenant c’est impossible.
— Pourquoi ?
— Pourquoi ? Mais grand Dieu, parce que si je te touche tu seras obligatoirement enceinte et ensuite parce que… enfin, il arrivera des moments où, à moins de devenir fou, je devrais rencontrer d’autres femmes. Je me vois te dire : « Excuse, chérie, je suis un peu tendu et dois m’absenter pour aller baiser ».

Elle se lève :

— Être enceinte ne serait pas une punition, surtout que d’après ce que j’ai compris ce serait toi le père, et pour moi dans tous les sens du terme. Quant au fait que tu doives aller selon la volonté des Dieux, je ne peux t’en blâmer, moi simple mortelle. Tu obéis à une volonté supérieure sur laquelle nous n’avons pas prise.

Comme elle finit de parler, elle s’assoit brusquement sur ses genoux et l’embrasse à pleine bouche. Déjà son discours l’ébahissait, mais de la retrouver collée à lui à l’embrasser après ce qu’il vient de lui expliquer, avec ce que cela implique, le surprend tant qu’il ne songe à la repousser.

À son contact, il ressent une sorte de secousse, comme il n’en avait jamais ressentie et visiblement Marion la ressent aussi. Il referme ses bras autour de ses épaules et répond à son baiser. Il a conscience d’une différence profonde de ce contact d’avec celui de ses précédentes ...