1. Hébergement d'urgence (5)


    Datte: 15/10/2018, Catégories: Entre-nous, Hétéro Auteur: Exorium, Source: Hds

    Elle est allée remettre en place, une à une, les robes que la dernière cliente avait laissées en vrac sur la tabouret d’une cabine. Avant de me rejoindre à la caisse.
    
    – Vous allez faire quoi ?
    
    – Pour ?
    
    – Ben, pour cette nuit, tiens ! Quand je serai ici, au magasin, comme on a dit, à m’envoyer en l’air avec Baptiste.
    
    – À ton avis ?
    
    – Vous allez descendre. Vous allez forcément descendre. Ça, oui, mais après ? Vous allez rester planqué à nous mater dans l’obscurité, ou bien vous allez surgir, d’un coup, comme un diable de sa boîte ?
    
    – Qu’est-ce tu préférerais ?
    
    – Je sais pas. Je suis partagée.
    
    – Et lui ?
    
    – Oh, lui, que vous interveniez, alors là, il y a pas photo.
    
    J’ai fait mine de m’absorber dans mes factures.
    
    – Alors ? Vous m’avez pas répondu. Vous allez faire quoi ?
    
    – Tu verras bien.
    
    – Ce que vous pouvez être chiant quand vous vous y mettez !
    
    Et elle m’a tiré la langue.
    
    * *
    
    *
    
    Elle a poussé un hurlement de bonheur.
    
    – Baptiste !
    
    Baptiste qui venait de faire son apparition, tout sourire, au magasin.
    
    Elle s’est jetée dans ses bras.
    
    – Baptiste, toi, enfin ! Oh, que je suis contente ! Tu peux pas savoir ce que je suis contente…
    
    Et s’est tournée vers moi.
    
    – Je peux y aller ? Je peux monter ?
    
    J’ai levé les yeux vers la pendule au-dessus de la caisse.
    
    – Sûrement pas, non ! Il reste vingt minutes.
    
    Elle m’a jeté un regard interloqué.
    
    – Hein ! Mais il y a plus personne !
    
    A ébauché un sourire.
    
    – Ah, ...
    ... ben d’accord ! Vous le prenez comme ça ? Eh bien, on va voir ce qu’on va voir. Viens, toi !
    
    Elle l’a entraîné vers une cabine, a tiré le rideau sur eux. Un rideau qu’elle a soigneusement ramené jusqu’au bout.
    
    J’ai pesté entre mes dents.
    
    – La garce !
    
    Une cliente est entrée. Qui a longuement fait le tour du magasin. Tâté ici. Soulevé là. Décroché. Raccroché. Qui a pris tout son temps. De la cabine provenaient, de temps à autre, des soupirs étouffés. Par moments, le rideau vibrait, frissonnait, finissait par onduler furieusement. Toute à son vagabondage entre les portants, la cliente semblait ne s’apercevoir de rien. Elle a enfin, à mon grand soulagement, dérivé lentement vers la porte.
    
    – J’arrive pas à me décider. Je reviendrai.
    
    Je me suis empressé de descendre le volet roulant. Et j’ai claironné.
    
    – Ça y est ! C’est fermé.
    
    La tête hirsute, cramoisie, de Coralie est apparue dans l’embrasure du rideau.
    
    – Trop tard ! On a fini…
    
    Ils se sont extirpés de la cabine. Elle s’est ébrouée, la mine ravie.
    
    – Hou ! Comment ça fait du bien. Depuis le temps que j’attendais ça !
    
    * *
    
    *
    
    On a dîné tous les trois. Et, à la fin du repas, elle a voulu savoir.
    
    – On entendait ce qui se passait dans la cabine, du magasin tout-à-l’heure ?
    
    – Un peu. Pas mal, même, par moments.
    
    – Je faisais attention pourtant ! Il y a eu des clientes ?
    
    – Une seule. Mais qui s’est rendu compte de rien.
    
    – Ou qu’a fait semblant. Vous savez ce qu’il faudrait ? C’est qu’on ...
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