Julie et Mariam (5)
Datte: 07/02/2018,
Catégories:
Erotique,
Auteur: ballhin, Source: Xstory
... dextérité, j’attrape une lamelle de gingembre avec mes baguettes, la pose sur un petit cylindre de riz farci de saumon cru et avocat, trempe le tout dans une coupelle de sauce de soja et lui tends. Elle ouvre la bouche en fermant les yeux, puis mâche avec lenteur.
— C’est spécial, mais j’aime bien, confirme-t-elle, soulagée.
— Tu vois que je n’essaye pas de t’empoisonner !
Nous rions de concert et, avec des gestes délicats, je continue à lui porter les aliments en bouche. Mon initiée se prête à ce manège avec une certaine malice dans le regard. Elle m’autorise même à lui essuyer le bord des lèvres du coin de ma serviette. À cet instant, je découvre le plaisir de m’occuper d’elle. Mariam aime s’abandonner, je le sens. Un moment de repos pour le capitaine du navire qui doit être constamment dévoué à ses deux petits matelots. Quitter Nantes, même quelques jours, lui aura au moins permis de se libérer, de vivre un peu pour elle.
Le tour des plats accompli, je profite de l’occasion pour lui saisir la main et jouer avec ses doigts sous prétexte de lui enseigner l’utilisation des baguettes. Un alibi fallacieux qui me permet d’effleurer sa peau pour constater que cette excitation très particulière de notre premier contact est toujours présente, un vrai plaisir.
— Alors, tu prends la première baguette dans ta main, comme ça...
Le sourire en coin de mon apprentie est sans équivoque, elle a compris mon manège. Je me fige, prise en flagrant délit comme une enfant, les ...
... doigts dans un pot de confitures.
— Continue, je t’en prie. C’est très instructif, chuchote-t-elle d’une voix suave.
Avec fébrilité, je reprends mon enseignement avec plus de sérieux, mais par ses mouvements, il est clair que mon élève manie parfaitement les deux tiges de bambou.
— Je souhaitais savoir si le maniement était le même que pour les baguettes chinoises, reprend-elle narquoise.
Une onde de chaleur me parcourt de bas en haut. Je ne me suis pas rendu compte du petit jeu de séduction qui s’est opéré entre nous et, surtout, depuis quand il a débuté. Laquelle de nous deux a profité le plus de la situation est la vraie question. Nous sommes restées les yeux dans les yeux, de longues secondes sans bouger, nos doigts entremêlés. Si le serveur n’était pas revenu à notre table, cet instant délicieux aurait pu durer une éternité.
Nous parlons peu ce soir, mais chaque mot a une résonance particulière, chaque regard un éclat singulier. J’aurais souhaité ralentir le temps pour profiter encore et encore de ce moment où j’ai eu le sentiment que nos âmes communiaient. En fin de repas, les verres de saké offerts par le patron nous ont chauffé les joues ; ce qui a provoqué un petit hoquet à Mariam sur le chemin du retour et a déclenché maints fous rires jusqu’à la porte de mon appartement.
* * * *
Plantée au milieu du couloir menant aux chambres, je me remémore la scène de la veille où nous étions toutes les deux dans l’attente d’un acte manqué. Aujourd’hui, avec ...