1. Mister Hyde 31


    Datte: 04/10/2018, Catégories: BDSM / Fétichisme Auteur: LVolante, Source: Hds

    ... est beaucoup plus loin. Ça va ?
    
    – Ça va. Bonne nuit maintenant.
    
    ***
    
    Frédéric rentra à Paris le lendemain. Il aurait dû être satisfait d’avoir, sans combattre, obtenu l’assentiment de Frédérique. Pourtant, quelque chose le dérangeait. Bien qu’il n’en fût pas enchanté, la mise entre parenthèse de ses droits n’en était pas la cause. Pas plus que le fait que Frédérique n’ait accompagné ni son bonsoir de la veille ni son bonjour du matin, d’un baiser. C’était une sensation plus pernicieuse qu’il n’arrivait pas à définir. Il eut beau y réfléchir durant tout le trajet qui le séparait de la gare de Lyon, il n’arriva pas à mettre le doigt dessus.
    
    Lucile l’ayant averti qu’elle l’attendrait à Courbevoie, il prit le 29 jusqu’à Saint-Lazare puis un direct pour Bécon-les-Bruyères. Marcher lui fit du bien. Il arriva au pavillon, détendu. En ouvrant la porte extérieure, la musique lui sauta au visage. Elle emplissait l’espace ; elle envahit son esprit. Incapable de bouger – il avait peur qu’en se mouvant il ne brisât le charme – Frédéric resta dans l’entrée. Les lazzis des violons altii lui donnèrent l’impression de s’envoler tandis que leur soutien par les violoncelles et les cors le retenaient au sol. Les voix avaient sensiblement le même effet : les graves des barytons et des basses sondaient l’Enfer alors que les voix des altos et sopranos l’invitaient à visiter le ciel.
    
    – Encore ! cria-t-il lorsque brusquement la musique cessa.
    
    Invisible, Lucile reçut le message. La ...
    ... mélodie repartit.
    
    Profondes, les voix d’hommes, alliées au charme plus élevé des sopranos donnèrent le ton, soutenues par la monotone langueur d’un violoncelle au timbre grave. Frédéric sentit tout de suite la différence de version. Il en eut la confirmation lorsqu’une batterie imprima à la mélodie classique un rythme rock qui l’encrait dans le présent. Lorsque les violons entrèrent en scène, il eut la vision d’un combat entre les courageux fantassins et la lourde pièce d’artillerie que figurait la batterie ; un duel à fleurets mouchetés, qui se termina en osmose. Comme l’union passionnelle de deux êtres opposés.
    
    – J’en ai la chair de poule montra-t-il à Lucile qui venait d’apparaître. Où as-tu trouvé ça. C’est… Splendide.
    
    – Un cadeau de papa, il l’écoute en boucle quand il désespère du genre humain. Enfin, la seconde version parce que de la première il dit que c’est l’exacte représentation de ce qu’est une religion alors que l’autre peint l’âme humaine.
    
    Frédéric ne fut pas sûr de bien comprendre le subtil distinguo qu’opéraient les versions mais là n’était pas l’important. Il prit Lucile dans ses bras.
    
    – Merci dit-il. Merci à ton père et merci à…
    
    – ERA.
    
    – Et merci à ERA pour cette merveille. C’était un accueil extraordinaire.
    
    – En fait, je ne t’attendais pas. Je l’écoutais pour moi.
    
    – Alors disons que je suis bien tombé.
    
    – Peut-être. Moi, cette musique me fait penser à toi : le seul homme que je connaisse qui soit écartelé aussi évidemment entre ...
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