1. Affres d'un gars face à une page blanche


    Datte: 01/10/2018, Catégories: méthode, exercice, pastiche, délire, Humour Auteur: Radagast, Source: Revebebe

    ... pire !
    
    Votre histoire est à peine plus chaude que les lettres de madame de Sévigné.
    
    Une fois que vous avez capturé votre idée, le plus dur commence.
    
    La mettre sur le papier, la rendre intéressante, faire en sorte que cette idée devienne un texte qui vous tienne, cher lecteur, qui vous accroche, qui vous colle le cul sur votre siège. Qui vous fasse pleurer de rire ou d’émotion. Qui vous fasse frétiller le bigoudi.
    
    En effet, une histoire qui vous semble au départ intéressante se révèle en fait impossible à écrire ; vous vous retrouvez vite coincé. Ce que l’on nomme une impasse.
    
    Au contraire, vous sentez parfois habité ; quelqu’un au-dessus de votre épaule vous dicte presque le texte.
    
    Vous vous posez face à votre clavier, ou face à votre cahier (j’aime encore travailler à l’ancienne, entendre glisser le crayon sur le papier). Cela m’oblige à recopier le récit sur l’ordinateur, avec un souci : je n’arrive que difficilement à me relire.
    
    Vous avez déjà votre trame, un petit schéma directeur.
    
    Vous visionnez la situation, vous ajoutez les indispensables scènes de cul, sinon il y en a qui gueulent et vont sur des sites concurrents, là où les fautes d’orthographe se le disputent à la vulgarité. Si, je vous l’assure : ça existe ! Je ne vous donnerai pas les noms, sinon Gufti va encore me tirer les oreilles.
    
    De temps en temps vous allez chercher un renseignement sur Internet, genre d’où peuvent venir les Zlagouilliens, à qui pourrait ressembler cette ...
    ... chanteuse célèbre.
    
    Ou alors vérifier l’orthographe d’un mot sur le dictionnaire ; le pluriel d’un mot composé par exemple. L’horreur absolue ! Des escabeaux, un escabal ?
    
    Je ne fais pas trop confiance aux correcteurs d’orthographes automatiques, celui d’Open Orifice par exemple. Si j’écris « Je suis allé » ou « Je suis aller », il n’y voit que du feu. Pourtant, il y a une faute.
    
    En Ardèche, on dit même « Je me suis tombé sur le ventre », et dans les Vosges « J’ai mal le ventre ». Ceci pour vous expliquer que vous n’êtes pas dans le pétrin si vous voulez faire un texte un peu régional.
    
    Autre problème : la crédibilité, le réalisme.
    
    Vous êtes avec votre moitié, vous discutez avec elle ; quel est son sujet de prédilection ?
    
    Le CAC 40 ? Le 49.3 ? La taille de la b… du président ? Ce que vous allez faire ce soir avec vos amis, les voisins et voisines, et même le curé ?
    
    Non. Sa préoccupation première : son poids.
    
    « Tu ne trouves pas que j’ai grossi ? »
    
    « Comment vais-je entrer dans mon maillot cet été ? »
    
    Même lorsque vous parlez sexe, elle ramène le sujet sur les kilos en trop.
    
    « Lors de notre dernière partouze, j’ai bien vu que tu n’avais d’yeux que pour cette Barbara. Je suis plus grosse qu’elle. Tu la préfères à moi. JE SAAAIS QUE J’AI UN GROOOS CUUUL ! »
    
    Et là, crise de larmes.
    
    Tout en sachant que ladite Barbara fait la même crise à son mari.
    
    Si elle vous demande « Comment trouves-tu mes fesses ? », ne répondez pas « Très facilement ! » : vous ...
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