1. Lili...


    Datte: 20/09/2018, Catégories: fh, hplusag, jeunes, asie, amour, ffontaine, Oral pénétratio, fsodo, nostalgie, portrait, regrets, Auteur: Jeff 2, Source: Revebebe

    Elle marchait, tête baissée, les yeux rivés au sol. Menue, pas très grande, elle semblait être une âme perdue au milieu de tous ces grands gaillards d’étudiants occidentaux et ces filles élancées, toujours à la limite de l’anorexie. C’était une « petite » asiatique qui avançait, à pas comptés, serrant ses livres contre son ventre et détournant son regard de ceux qu’elle croisait.
    
    Je l’observais souvent, à quelques tables de la mienne, dans la grande bibliothèque universitaire. Mais dès que nos regards s’entrecroisaient, hop ! elle baissait ses yeux vers la page qu’elle étudiait. Réservée, perdue, esseulée… c’était l’impression qu’elle donnait. Mais en réalité, c’était plus qu’une impression, c’était un truisme. Lili était une jeune étudiante chinoise à Paris. Plus tard, après que j’eus réussi à l’approcher puis à l’apprivoiser, j’ai découvert en elle une jeune femme enjouée, capable d’exubérance et d’une très grande culture. Elle était en France pour terminer une thèse sur l’art romantique à travers je ne sais plus quel auteur et selon un angle d’approche aussi tarabiscoté qu’incompréhensible pour le simple mortel que je suis.
    
    Bref, vous l’avez compris, amis lecteurs, il m’a fallu du temps, de la patience et surtout de la persévérance pour approcher et apprivoiser Lili. Mais comme ce sont toujours les premiers pas qui coûtent, après, je peux vous l’assurer, quels délices, quel nirvana ce fut ! Pour autant, n’allez pas croire que sauter le premier pas signifie ...
    ... automatiquement sauter la fille ! Que nenni ! Entre le moment où elle a accepté mes premières paroles sans détourner la tête, tolérant ma présence à ses côtés et avant d’arriver à une invitation pour une soirée en tête-à-tête, il m’a fallu beaucoup de temps dont je ne vous narrerai pas les péripéties, ici. À cette occasion, j’ai pu mettre en application ce que le sieur Jean de La Fontaine explicitait dans la fableLe lion et le rat, dont il concluait : « Patience et longueur de temps / Font plus que force ni que rage. »
    
    Puisque Lili était à Paris pour étudier l’art romantique, j’avais décidé, pour la séduire – c’était une forme de défi saugrenu que je m’étais fixé – que je jouerais à fond cette carte de mon jeu personnel. Et dès lors j’ai tout mis en œuvre pour y arriver. Bref, je sortais le grand jeu… gastronomie, visites de la ville de jour, de nuit, promenades sur la Seine, dîner sur un bateau-mouche, aux chandelles… tout. J’ai tout fait. Dans les règles de l’art. De l’art romantique, bien entendu. Et plus nous avancions tous les deux vers cette complicité qui amène inexorablement vers une position horizontale, plus je me prenais à mon propre jeu. À cette occasion, je découvrais (ou redécouvrais sans jamais l’avoir réellement pratiqué) le cheminement volontairement suivi par les amoureux du XVIIe siècle, dénommé « la carte du tendre », qui passait par « le lac de l’indifférence » pour aboutir aux rivages inconnus qui bordent « la mer dangereuse ». Bref, que le temps de la ...
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