Live and let die (6)
Datte: 17/07/2023,
Catégories:
Transexuels
Auteur: Mlle_Helened, Source: Xstory
Franck rentra dépité. La confrontation à laquelle il avait espéré n’avait pas eu lieu. Pire : Elizabeth n’avait même pas été surprise. C’était ça qui l’avait le plus vexé. D’un autre côté, elle lui avait assuré que rien de ce qui s’était passé n’avait été prémédité. Juste un concours malheureux de circonstances. Malgré tout, il s’interrogeait sur son avenir. Devait-il continuer et faire comme si de rien n’était, comme si tout ça n’avait jamais eu lieu ? Pourtant sa valise encore ouverte sur ses vêtements de femme confirmait qu’il n’avait pas rêvé. Pas plus qu’il n’avait rêvé d’avoir couché avec sa chef ou sucé la queue du PDG de la BCI et de son assistant.
Il se sentait incapable d’enfouir au fond de sa mémoire tous ces souvenirs qui, finalement, n’étaient même pas heureux. Comment pourrait-il continuer à travailler avec Elizabeth en sachant qu’elle était un transsexuel et qu’ils avaient couché ensemble ? Et qu’est-ce qui lui garantissait qu’on ne lui demanderait pas de se travestir à nouveau pour faciliter une future négociation ?
Non, tout ça n’était plus possible. C’était décidé : il quittait son poste. Le mieux aurait été avec un chèque, mais ça, il n’y croyait pas trop. Prétendre au chômage serait déjà une bonne chose.
Franck descendit de son appartement pour aller faire un tour. L’air frais de cette fin d’après-midi lui changerait les idées. Du moins l’espérait-il. Ses parents l’avaient aussi éduqué dans l’esprit de ne pas prendre de décisions sur un coup ...
... de tête. Chose qui lui avait valu quelques désagréments à l’adolescence. Comme celui d’aller faire du rugby parce que son pote en faisait. Conscient qu’il n’avait pas le physique, il avait insisté et sa soudaine vocation fut réduite à néant dès la première mêlée. Fracture de la clavicule.
Ses pas l’amenèrent dans une rue commerçante. Les boutiques de vêtements et de chaussures lui rappelèrent ses journées en femme et la soirée avec d’Augustin et Juan-Carlos. Le dégoût lui monta à la bouche. Il rentra encore plus en colère. De rage, il fourra toute sa garde-robe féminine dans un sac poubelle qu’il se promettait de jeter le lendemain.
Il s’endormit difficilement, réfléchissant à sa plus que probable démission. La bataille du pour et du contre s’acheva avec la victoire du pour. Il se leva de bonne heure et rédigea la lettre.
Il arriva en milieu de matinée à son bureau. Elizabeth l’accueillit froidement.
— Où tu étais ? Tu as oublié de mettre ton réveil ou quoi ? Bon pas grave. On a une nouvelle affaire. En Espagne encore.
— Ça sera sans moi, annonça Franck, la voix qu’il espérait ferme même si elle tremblotait.
Il posa l’enveloppe contenant sa lettre de démission. Elizabeth la décacheta et déplia la feuille.
— Ah, je vois, dit-elle, sans marquer la moindre surprise. Assieds-toi.
Cette sérénité devant les événements, quels qu’ils furent, décontenançait Franck. Elle ne s’énervait jamais, et s’il lui arrivait de crier, c’était juste pour le secouer ou pour ...