Un couple trop parfait. - Histoires de Sexe

Un couple trop parfait.

... tout est opérationnel et ils passent une quinzaine de rêve. Anna abonde la cagnotte commune de trente mille euros, gains européens et de traductrice de livres.

— Voilà de quoi changer les autres fenêtres, dit-elle à son associé.
— Écoute, je crois que ça attendra. Il faudrait être sûrs du projet, or aujourd’hui ni toi ni moi n’avons la possibilité de vivre ici.
— C’est vrai, tu as raison. Et puis tout peut changer très vite et nous amener à faire autre chose…
— Oh oh ! Tu me parais bien sombre, toi. L’Europe ne tiendrait-elle pas ses promesses ?
— Disons que… je n’imaginais pas cela ainsi. Tu vois, je m’attendais à un regroupement de cervelles surchauffées en provenance de vingt-six pays, les meilleurs des meilleurs pour penser notre avenir et nos vies.
— Et alors ?
— Ce n’est qu’un énorme panier de crabes qui viennent d’abord défendre leurs propres intérêts, petits pouvoirs et petits privilèges, comblés de cadeaux de toutes sortes par des lobbyistes qui viennent obtenir le droit de faire ce qu’ils veulent, et peu importent les conséquences, humaines, sociales, environnementales, etc. En ce sens, c’est plutôt décevant, très décevant. Mais concernant strictement mon travail, je suis très contente, je le fais bien, je crois, et je reçois plein de compliments.
— Tiens, j’ai fait passer un agent immobilier qui proposait une estimation gratuite ? Devine combien vaut notre palace dans l’état actuel ?
— Je ne sais pas, dis-moi ?
— Un million huit !
— D’euros ?
— Non ...

... de cacahuètes.
— Tu es bête… ça alors, mais c’est fantastique, vraiment une belle affaire !
— C’est certain. Mais il m’a dit également que nous avions une vision trop restreinte, trop étriquée de l’aménagement. Si nous avions fait par exemple un immense séjour traversant, des suites au lieu de petites chambres et une piscine derrière, ce serait une demeure de luxe qui vaudrait deux millions et demi.
— Nous ferons ça quand je serai Commissaire Européen et toi PDG de ta boîte. Ha-ha-ha ! Moi ça me plaît énormément comme ça.

Hélas, il faut la conduire à l’aéroport de Genève, pour la préparation de la session de septembre. Stéphanie a des larmes, mais bien moins que la dernière fois, elle a compris qu’elle la reverrait. Jérôme rentre pour recruter une nouvelle étudiante en passant par Annemasse, où sa boîte a une succursale qu’il ne connaissait pas, c’est l’occasion. Il est accueilli chaleureusement par un directeur d’une soixantaine d’années qui s’étonne :

— Ça alors, c’est bien la première fois qu’un cadre du siège nous rend visite sans être missionné.
— Je vous explique : j’ai acheté un bien immobilier pas loin d’ici, au bord du lac, ma compagne en est folle. Alors c’était l’occasion, je n’allais pas passer à côté sans m’arrêter.
— Comme je comprends votre compagne, je resterais moi-même des heures devant ce lac sans me lasser. Hélas, mon épouse préfère le soleil, et pour notre retraite nous faisons construire un riad à Marrakech.
— Ha-ha ! Anna est danoise et elle ...