Un couple trop parfait. - Histoires de Sexe

Un couple trop parfait.

... de vendre mon bateau.
— Dommage, il aurait été bien ici.
— Non, non, Madame préfère les bateaux à voiles. J’ai donc ici un chèque de banque de trente mille euros. Est-ce que cela vous conviendrait ?
— Largement, bien entendu.
— Alors c’est parfait, signons.
— Mais chéri, comment puis-je prendre ma part de responsabilité dans cette signature ?
— Hum… Monsieur le curé, pouvez-vous garder ce compromis pas devers vous pendant… disons trois jours ?
— Oh, mes chers petits, si cela peut vous arranger, c’est une évidence. Je suis si content de mettre cette maison, qui fut si longtemps mienne, entre vos mains jeunes, fraîches et pleines d’avenir.
— Bien, alors nous allons signer en tant que SCI, Société Civile Immobilière, que l’on va nommer… « Annarôme, ça te va, chérie ?
— Oh ! Parfait et en plus c’est joli.
— Nous rentrons demain, je la déclare immédiatement et dès vendredi vous pouvez informer l’Évêque que le compromis est signé. Cela vous convient-il ?
— Parfaitement.

On paraphe toutes les pages et on signe, et tout le monde est content. De sa fenêtre, le vieux curé ému aux larmes voit les silhouettes des deux amants côte à côte, tenant une fillette par la main, leurs têtes penchées l’une contre l’autre.

— Ces deux-là sont parfaits, faits l’un pour l’autre et ils seront heureux ici. N’est-ce pas Seigneur ?

Et il se signe encore une fois.

Au retour, c’est l’intense fébrilité : à la fois la joie immense d’avoir fait une bonne affaire totalement inespérée, ...

... mais aussi le grand questionnement sur le financement.

— Chérie, je ne t’ai pas menti, mais il y a quelque chose que je ne t’ai pas dit. En partant de Grimaud, j’ai placé des pancartes « à vendre » sur les façades.
— Nooonnn… Tu es fou, mais il ne fallait pas faire ça !
— Si, justement. Regarde, j’ai déjà seize textos demandant une visite. L’appartement, le garage et l’anneau pour le bateau, j’ai payé le tout quatre cent mille euros il y a six ans. J’en demande donc quatre cent mille euros aujourd’hui, entre l’usure et l’inflation, je trouve cela raisonnable, et en plus je ne payerai pas d’impôt sur les plus-values.
— Oh ! La France et ses impôts…
— Mais réfléchis : quatre cents mille plus trente mille du bateau, le reste j’en dispose aisément avec divers placements, y compris les frais de notaire.
— Et moi dans tout ça ? Je sais que je n’ai presque rien, mais je voudrais bien participer. J’ai… dix mille euros, à peu près…
— Mais mon amour, rien n’est négligeable, dix mille euros, c’est dix fenêtres changées.
— Ah oui, pas si mal. Et puis ton copain Yann, il peut m’envoyer des traductions, une par mois, je tiendrai.
— Voilà, et en un an ça fait soixante mille euros, la rénovation de la toiture.
— Oh bien ! Je suis vraiment contente.
— Donc demain je vous ramène à la maison, Steph et toi, je règle cette histoire de SCI, et vendredi je retourne directement à Grimaud pour faire visiter et essayer de vendre, et je rentre dimanche.
— Mais tu vas reprendre le boulot ...