Claire dans le RER (1)
Datte: 18/06/2023,
Catégories:
Hétéro
Auteur: Yojik, Source: Xstory
... rassis sur ma chaise :
— Pas mal.
— Même mon nez ?
— Je n’ai jamais été déçue des mecs avec un appendice nasal proéminent.
L’allusion est évidente et me mettait quelque peu mal à l’aise. Mais elle passa à un autre sujet, ressentant sans doute ma gêne. Celle-ci s’évanouit assez vite, suffisamment pour que je me lance sur la question qui m’était venue dans le RER :
— Dis-moi, je peux te poser une question un peu intime ?
Elle s’arrêta de boire, posa son verre et fixa son regard voilé vers moi.
— Dis toujours.
— Euh, voilà, je t’ai entendu parler dans le RER et je me demandais, comment les aveugles rêvent ?
— Ha, ha, ha.
Elle fut prise d’une bonne crise de rire avant de reprendre un peu de sérieux. Qu’avais-je donc dit de si drôle ?
— Désolée. Je pensais que tu allais me demander autre chose... Comment les aveugles embrassaient ou baisaient, chuchota-t-elle finalement.
— Euh, non, non.
Heureusement qu’elle ne me voyait pas sinon elle aurait eu une tomate en face d’elle.
— Ça dépend. Moi j’ai des sons, des odeurs et des flashs de couleurs. Certains, ceux qui ont vu assez longtemps, visualisent des images. Et puis certains n’ont même pas de flashs. Ça n’enlève en rien à l’intensité de nos rêves.
— D’accord. Je comprends, enfin en partie.
Il était maintenant pas loin de 22h. Je ne me voyais pas laisser partir Claire comme ça.
— Est-ce que tu veux prendre un dessert... chez moi avant de partir ?
— Un dessert ? Un verre, merde ! ...
... On propose pas un dessert ! pensai-je.
— Hi, hi, hi, tu fais dans l’originalité. Tu habites loin ?
— Euh, non cinq minutes à pieds.
— Alors, va pour un dessert.
Finalement, mon erreur l’avait séduite. En sortant de la brasserie, elle s’accrocha à mon bras et se colla même un peu plus à moi. Sa tête était presque posée sur mon épaule et je sentais un parfum fruité se dégager de ses cheveux. Le chemin fut long et rapide à la fois. Arrivés devant mon appartement, j’eus peur qu’elle ne veuille partir. Mais non, elle se tenait toujours près de moi. J’ouvris et entrai pour allumer la lumière :
— Attends une seconde, j’allume.
— Oh ça devrait aller, se moqua-t-elle.
Je me trouvai encore une fois bien bête. Elle me suivit et je la guidai jusqu’à mon clic-clac. Elle s’assit et posa sa veste, son sac et sa canne à côté d’elle. J’avais proposé un dessert, mais je n’étais même pas sûr d’avoir quelque chose à lui offrir. J’ouvris la partie congélateur de mon frigo et priai fort pour y trouver encore des cornets de glace. Dieu soit loué, il m’en restait deux. Vanille/chocolat, c’était des goûts standards ; avec de la chance, ça lui irait :
— J’ai des cornets vanille chocolat, à moins que tu ne veuilles un café ou un thé...
— Non, une glace, ça me va très bien.
Je revins m’asseoir près d’elle et lui donnai son cône. Nous les dégustâmes tout en parlant. Sa réaction à la brasserie me revint en mémoire, si les gens posaient la question, c’était vraiment parce que ...