1. C'est donc cela le naturisme (1)


    Datte: 12/06/2023, Catégories: Gay Auteur: Etrenu, Source: Xstory

    C’est curieux comme les gens manquent de discrétion. N’avez-vous jamais surpris une conversation intime dans un endroit insolite ?
    
    Cela vient de se passer pour moi dans un restaurant d’une fameuse chaîne de ce que les Américains appellent un « steak-house ». La décoration cowboys et indien aux criardes couleurs rouge et noir y faisait naïvement référence. J’étais heureux d’être en déplacement dans le Sud, mais je n’avais pas pris le temps de trouver quelque chose de local pour manger.
    
    Seul un midi, je faisais une pause entre deux rendez-vous professionnels. Pour une fois, j’avais le temps.
    
    La caractéristique de ces restaurants est que les tables sont séparées par des claies ajourées, empêchant de voir qui est de l’autre côté, mais ne coupant pas le son pour autant. Le brillant architecte d’intérieur avait dû imaginer que quand le restaurant est plein, le bruyant fond sonore fait un mur entre les conversations. Mais voilà, le restaurant n’était qu’à moitié plein...
    
    J’ai vite compris que trois femmes s’étaient installées sur la table de quatre de l’autre côté de la claie. L’une, de toute évidence âgée et fumeuse, parlait fort avec sa voix grave et enrouée. Line, elle s’appelait ; du moins, c’est ce que j’ai supposé en essayant de suivre malgré moi leur échange. Elle avait l’air de dominer ce petit groupe.
    
    Jeanne était une vraie pipelette avec un terrible accent du sud-ouest. Elle parlait sans cesse et c’est bien parce que j’ai vite compris que les deux autres ne ...
    ... l’écoutaient pas que, amusé, je me suis mis à tendre l’oreille. Jeanne faisait le fond musical, alors que Line et Carole-Anne (ou Caroline ? Je ne sais pas très bien) bavardaient au sujet des plages du coin.
    
    J’analysai peu à peu que Line et Jeanne étaient face à face, juste à côté de moi, alors que Carole-Anne était plus loin, l’obligeant à parler plus fort. Elle semblait également plus jeune que les autres, mais sans doute sa petite voix aiguë me trompait-elle. Elles étaient copines de longue date, une forte complicité les réunissant. Leurs critiques sur telle ou telle étaient acerbes et assez vachardes, jolies langues de pute qui me faisaient bien rigoler.
    
    Elles n’étaient pas arrivées depuis dix minutes que j’éteignais mon smartphone et me mis à les écouter, essayant, sans les voir, de comprendre le jeu de chacune.
    
    Un « elle chante comme elle jouit » mit tous mes sens aux aguets. Commentaire mesquin sur la personne dont elles parlaient. J’avais beau savoir que les filles entre elles sont pires que les mecs, elles y allaient fort !
    
    Mais... comment pouvaient-elles savoir comment elle jouit ?
    
    La réponse vint rapidement.
    
    — Tu exagères...
    
    — Pas du tout ! répliqua la voix rauque de Line. Quand tu l’as baisée il y a dix jours, n’a-t-elle pas chanté telle une Castafiore en poussant les aigus au risque de faire péter toutes les vitres ?
    
    — C’est peut-être parce que Jeanne est la meilleure brouteuse de minou à vingt lieux à la ronde ! dit Carole-Anne.
    
    — Tu ...
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