L'histoire se répète - Histoires de Sexe

L'histoire se répète

... embarquer des coureurs d’aventure qui me donnent leurs économies en croyant devenir riches. Je dois exhiber les esclaves que je transporte pour arriver à les nourrir et à payer mon équipage. Est-ce cela être riche ?
— Tout de même, vous les vendez ces esclaves, et cela vous rapporte.
— C’est vrai. Dix pièces d’or pour un homme capable de travailler, six pour une femme et neuf si elle est enceinte. Nous en avons une cinquantaine sous nos pieds, soit environ quatre cents pièces d’or. Il m’en a fallu cent pour les acheter, autant pour acheter la marchandise que je vais rapporter et encore autant pour payer l’équipage. Comptez…
— Il vous en reste cent pour vous, ce n’est pas si mal !
— Et avec quoi vais-je acheter les prochains esclaves ? Ces cent pièces ne sont pas à moi, c’est le fonds de mon entreprise. Moi, je vais juste récupérer le prix de la traversée de nos passagers, une fois retiré le coût de leur nourriture, améliorée par rapport à l’ordinaire de l’équipage. Et en plus, j’ai une passagère qui ne paye même pas son voyage !
— Je… je suis désolée. Je vous jure que je ferai tout pour vous rembourser.
— Avant de me rembourser, il vous faudra d’abord survivre. Vous allez débarquer dans un monde de brutes, de renégats, de gens qui fuient le vieux continent pour échapper à ses lois, de coureurs d’aventure, de chercheurs d’or, d’illuminés et d’esclavagistes. Sans le sou, je ne voudrais pas être à votre place…
— Vous me faites peur. Je croyais que tout était merveilleux, ...

... là-bas. Qu’on pouvait vivre une vie nouvelle, libre, et devenir riche facilement.
— Foutaises que tout cela. Au contraire, c’est une jungle. Seuls les plus forts ou les plus méchants s’en sortiront. Et encore, nos vieilles institutions traversent aussi l’océan, et on commence à voir apparaître des juges et des policiers. Mais jusqu’à présent, tous les différents se règlent par les armes. Il faut le savoir et vous y préparer. Je vais à la barre…

La barre, le capitaine ne la lâcha plus guère pendant trois jours et trois nuits. Car à peine eurent-ils terminé leur conversation qu’un orage monta, accompagné d’un vent violent et de vagues grosses comme des montagnes. Alice n’avait pas peur, au contraire, elle était fascinée par ce ciel noir d’encre, ces vagues énormes, ces paquets de mer projetés par le vent. Fascinée aussi et surtout par cet homme debout derrière la lourde barre qu’il manœuvrait sans répit pour diriger le navire face aux vagues. De travers, la lourde embarcation aurait été roulée comme une barrique dans une cascade. Elle monta près de lui sur le gaillard et s’agrippa à la rambarde. Sans lâcher la barre, Il lui passa d’une main un cordage autour de la taille, elle aurait pu être emportée par une vague plus forte. L’étrave plongeait dans les pentes d’eau vertigineuses et s’engloutissait à moitié dans la pente opposée. Des marins tentaient de maîtriser des voiles folles, les esclaves criaient et priaient, les passagers sortaient pour vomir…

C’est au troisième ...