1. Cheat-Code (13)


    Datte: 06/09/2018, Catégories: Divers, Auteur: Clover, Source: Xstory

    — Hé mec, t’es viral ! me lança Paul, mon voisin de bureau, alors que je débarquai dans l’open-space.
    
    — Hein ? dis-je, pris de court. Non. Enfin je crois pas. J’ai pas le nez qui coule ni rien.
    
    Il tombait bien celui-là. De tous les candidats potentiels qui pouvaient être à l’origine de la transmission, il m’apparaissait comme le plus crédible. À tous les coups, il avait bavé dans mon dos, et ses commérages avaient atteint les oreilles mal intentionnées des chourraveurs d’Artefacts. Comment ? Aucune idée, mais il fallait bien commencer mon enquête quelque part.
    
    — T’as été séquestré dans une cave ces dix dernières années pour pas savoir de quoi je parle ? insista mon collègue. T’es célèbre sur les réseaux sociaux mon gars. Tu sais, l’internet.
    
    — Ah ah, oui, dis-je, mon cerveau pas vraiment focalisé sur ce qu’il me disait. Super. Mais je suis pas là pour ça, j’ai deux trois questions à te po… Attends quoi ?
    
    — T’es pas au courant ? Faut vraiment que tu mattes ça, vient.
    
    J’approchai en prenant soin de me recroqueviller entre les partitions, dès fois que ma patronne soit à l’affût. Un coup d’œil vers son bureau m’indiqua qu’elle s’y trouvait, occupée sur je ne sais quel dossier, ou une intense partie de solitaire, allez savoir. Tant mieux. Si je pouvais l’éviter, je préférai enquêter sur la transmission sans l’avoir sur le paletot.
    
    — Matte le nombre de vues ! s’exclama Paul. Ça doit te changer. Je suis sur que les vidéos que tu fais de ton chat doivent faire ...
    ... genre deux vues, dont une est ta grand-mère.
    
    Mon désagréable collègue pointait les chiffres sous une vidéo Youtube. 28 984 vues. S’il considérait ça viral, il devait penser qu’une ceinture jaune de judo était un permis de tuer. Le titre n’était guère plus glorieux: Patronne hystérique met stagiaire en PLS ! La vidéo démarrait peu après ma sortie du bureau de Mme Kirischenko, au milieu de sa fausse tirade. On distinguait clairement mon visage, d’abord souriant, puis soudainement crispé par l’arrivée de la transmission. L’ensemble semblait avoir été filmé par un épileptique devant un stroboscope.
    
    — C’est le meilleur passage ! jubila mon collègue. Comment tu te figes avec l’air paniqué ! On dirait que t’es carrément au bout de ta vie.
    
    Il s’esclaffa bruyamment, et ponctua son hilarité d’un claquement de ses paumes sur ses genoux.
    
    Je retins un sourire. Oui ! La vidéo ! La transmission ! Le timing collait parfaitement. D’une façon ou d’une autre, ce clip avait attiré l’attention des chasseurs d’Artefact. Pourquoi ? Comment ? Aucune idée, mais ça ne pouvait pas être une simple coïncidence. Mes futurs agresseurs se planquaient parmi ces 28 984 spectateurs. Autant dire que je n’avais fait qu’enlever une touffe de foin de la botte dans laquelle se planquait l’aiguille que je cherchais, mais c’était un début.
    
    — Fais pas la gueule, me dit Paul. T’es une légende dans tout le service maintenant. Pour ça. (Il se pencha à mon oreille, une main en coupe, et murmura.) Et pour ...
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