Le sourire de Mona Lisa (1)
Datte: 05/04/2023,
Catégories:
Lesbienne
Auteur: Gentille75, Source: Xstory
... surtout à votre âge.
Ça me pendait au nez, Cyril ne se donnait même plus la peine de rentrer le week-end, comme cette fois à cause d’un soi-disant séminaire de travail en Allemagne ; sauf que moi, j’avais passé le cap fatal de la quarantaine, mon mariage datait d’avant la venue au monde de mes étudiants en deuxième année.
— Du nerf, voyons ! Éclatez-vous, prenez une cuite au besoin, puis passez au suivant. Une jolie fille de 18 ans n’a que l’embarras du choix.
— Euh... 19.
Bon ! Au moins une réaction, tout n’était peut-être pas perdu ; Maud se redressa dans le canapé. Si je parvenais à la ramener du côté des vivants, mon week-end serait marqué du symbole de la réussite.
— Ça vous tente de rester dîner ? J’aurai l’impression de cuisiner pour quelqu’un, un luxe par les temps qui courent.
Le sourire m’apparut moins surfait, une nouvelle étape sur la voie de l’apaisement à défaut de guérison. Maud resserra le nœud de ses cheveux, la jolie frimousse retrouva des couleurs chaudes.
— Je peux vous aider, ma grand-mère m’a appris quelques trucs.
— J’ai l’air si vieille que ça ?Top Chef est mon émission préférée, au cas où il vous viendrait à l’idée de mettre en doute mes talents culinaires, je répète les recettes depuis plus de 10 ans.
La contradiction m’échappa, une salve de rires régénératrice pour nous deux nous submergea. J’avais aussi tendance à subir les évènements loin de l’amphi, il était temps d’agir au lieu de regarder mon existence partir à ...
... vau-l’eau à cause d’un mariage raté malgré la somme d’efforts consentis. Le rôle tristounet de spectatrice de ma propre déchéance ne me satisfaisait plus.
— Allons voir ce qui se cache dans le frigo avant de crier victoire. Je fais les courses le samedi, donc demain.
♀♀
L’image de la femme sérieuse attablée devant une tisane appartenait au passé, à une éducation stricte remise en cause par des décennies de lectures subversives. De Simone de Beauvoir à Virginie Despentes, sans oublier le truculentTrès intime de Solange, Ina Mihalache de son véritable patronyme, j’avais acquis l’intime conviction que l’égalité des sexes passait par l’audace de nos actes davantage que par la puissance vocale de nos revendications, justifiées ou non. J’aurais été une bien mauvaise conseillère de laisser Maud boire seule.
À mi-chemin de l’ivresse, on en arrivait au stade des confidences intimes. Là, il me fallait reconnaître l’impertinence de la jeunesse d’aujourd’hui, sa totale implication dans la recherche du plaisir, quitte à briser quelques tabous au passage. L’acte sexuel restait une finalité pour celles qui, comme moi, avaient grandi dans les années 1990, la cerise sur le gâteau des sentiments ; l’amour devenait superflu au 21ème siècle, un prétexte, la quête de l’orgasme ne s’encombrait d’aucune doctrine moraliste. Jouir, c’était déjà jouir de la vie, s’émanciper, prendre de l’avance sur un avenir incertain.
— Putain, mais profitez ! Vous croyez qu’il se gêne, votre mari ? Ça ...