1. Couleur Tournesol


    Datte: 02/09/2018, Catégories: hagé, fagée, campagne, jardin, amour, dispute, nonéro, mélo, Auteur: Musea, Source: Revebebe

    ... la vie a comme repris des couleurs. Et des couleurs d’été, de plein été chaud alors que j’entame déjà l’hiver de mon existence ! C’est un miracle…et un miracle, on le laisse pas…Même si c’est honteux peut-être à mon âge de penser des choses comme ça envers une femme de vingt ans de moins que moi. Je n’ai plus rien à perdre…sauf que je ne veux pas mourir seul.
    
    Sa voix est toute cassée quand il lui dit ça. Un vieux moteur à bout de forces.
    
    Ethel se penche en avant. Elle ne veut pas qu’il pleure. Elle enlace le vieil homme et niche sa tête dans le cou de Roux.
    
    — Écoute…je te promets que je reviendrai. Et en attendant, je te garderai une place au chaud dans mon cœur, et je t’écrirai aussi souvent qu’il me sera possible de le faire. J’ai ton adresse ne l’oublie pas…et quand tu verras du soleil, tu sauras que je pense à toi. Que je suis près de toi. Je reviendrai quand les pommes seront mûres…Jusque là…nous aurons le temps chacun de notre côté, de mûrir nos sentiments non ?
    
    Il a accepté. Et doucement, maladroitement, ils ont scellé cette entente par un baiser. Un vrai, un lourd d’amour et de promesses, un de ceux qui réchauffent mieux qu’un grand feu de bois.
    
    Gilbert est resté passer la nuit auprès d’elle. Et elle l’a laissé découvrir son intimité. Au matin, quand les premiers rayons du soleil ont éclairé la caravane, Ethel l’a réveillé doucement.
    
    — Gilbert…Les policiers seront bientôt là…
    
    Il a ouvert les yeux, tendu un bras vers sa compagne et murmuré en ...
    ... souriant :
    
    — Je m’en fiche ! J’assume !
    — Peut-être mais, moi, j’ai pas envie qu’ils t’arrêtent ou qu’ils accusent le clan de t’avoir kidnappé. Allez debout ! Je vais faire du café !
    
    Un peu plus tard, il quittait le camp, non sans avoir serré tendrement Ethel dans ses bras. Il en frissonne encore…Cinq minutes après, alors qu’il remontait le chemin des vignes, il entendait les sirènes de la police d’Issoire arriver.
    
    — La descente des cow-boys, pensa Roux.
    
    Il se retourna. Vit le jupon jaune d’Ethel tournoyer pour ranger les dernières chaises pliantes qui traînaient. Elle savait déjà qu’ils devaient être partis dans l’heure. Une larme coula sur la joue de Gilbert et il serra les poings. Il n’avait jamais autant détesté la connerie humaine !
    
    Quelques mois ont passé, l’été a fait place à l’automne et cette fin octobre, froide malgré le grand soleil, fait monter une crise de rhumatismes comme toujours à la mauvaise saison. Les pommes sont mûres et rougissent là-bas dans les vergers. Roux les contemple chaque jour, espérant que leur maturité lui ramènera Ethel. Elle a écrit. Une dizaine de lettres et de cartes qui ne quittent pas son chevet…Il les éparpille sur le lit tous les soirs avant de s’endormir. Une manière de l’associer à son sommeil.
    
    Et puis, il a fait la paix avec André. Et pour une fois, André s’est excusé. Sans doute, parce qu’il n’avait pas envie de se retrouver tout seul, André voulait prouver à Gilbert qu’il n’était pas, contrairement à ce qu’il ...