1. Xscape (3)


    Datte: 31/08/2018, Catégories: Divers, Auteur: D3lta, Source: Xstory

    ... minute.
    
    Aller-retour aux douches pour vérifier quelque chose. Tout devient clair en une fraction de seconde.
    
    12 douches, 12 casiers. 4 casiers ouverts qui doivent correspondre à...
    
    J’appuie successivement sur les 4 boutons-poussoirs correspondants aux casiers ouverts. Il s’écoule quelques longues secondes durant lesquels j’ai peur de m’être planté, mais j’entends finalement une sorte de clic mécanique et le mur de gauche glisse pour libérer une ouverture. Je m’y engouffre sans hésiter.
    
    Le décor change du tout au tout. Me voilà dans une chambre à la lumière tamisée et remplie d’un bordel sans nom. Des fringues sales traînent un peu partout, des canettes de boissons énergisantes vides forment une pyramide à l’équilibre précaire, des posters sont collés de travers sur les murs, masquant à moitié les endroits où le papier peint a été arraché. Dos à moi, captivé par l’écran de l’ordinateur devant lui, celui qui doit être mon prisonnier ne semble pas avoir remarqué mon arrivée.
    
    — Hé, salut !
    
    Il se retourne en sursautant. Il doit avoir à peu de chose près mon âge. Ses cheveux blonds rebiquent sur son crâne sans aucun style. Des lunettes à l’épaisse monture de plastique noir entourent son regard bleu gris. Il a la peau pâle et a l’air plutôt fluet.
    
    — Tu es en boxer, dit-il pour toute réponse, plus comme une constatation que comme une question.
    
    — Ouai, c’est pour gagner du temps. C’est toi, mon prisonnier ?
    
    — Je ne sais pas si je suis TON prisonnier, mais ...
    ... je suis prisonnier oui. Je suis victime de la malédiction d’Eros.
    
    — Super ! Je m’exclame en me rapprochant de lui. Alors, on fait comment pour te libérer ? Tu fais l’actif ou le passif ? On doit juste se pomper ou un de nous deux doit payer son cul ?
    
    — Euh... Qu’est-ce que... quoi ?
    
    J’ai un peu l’air d’un con, d’un coup. Vu son regard, il ne pige rien à ce que je suis en train de raconter.
    
    — J’imagine qu’il faut qu’on baise pour te libérer, non ? On n’est pas dans un escape porno pour rien...
    
    Silence. Le gars n’a pas du tout l’air sur la même longueur que moi. J’essaye de comprendre en quoi je suis censé trouver ça excitant.
    
    — Mec, me dit-il enfin en reculant sa chaise de bureau à roulettes. Je ne sais pas qui tu es, tu débarques à moitié à poil dans ma piaule et tu me parles de baise. Alors soit t’es un pervers sexuel, soit t’as pris de la drogue et tu es en pleine montée. Dans les deux cas, je vais te demander de te tirer.
    
    Je reste interdit, complètement coupé dans mon élan. Il a un ton direct et autoritaire qui tranche avec son allure renfermée et effacée. Du coin de l’œil, mon regard accroche un chronomètre affiché sur l’écran d’ordinateur : 79 minutes, 8 secondes.
    
    — Ce décompte, là, c’est quoi ? Je demande en espérant qu’il ne reste pas complètement hermétique.
    
    — J’en sais rien. J’imagine que c’est le temps écoulé depuis le début du cycle de malédiction.
    
    Un peu déçu, je comprends que je vais devoir de nouveau user de ruses pour gagner la ...
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