Le dragon de Pierrefonds
Datte: 01/01/2023,
Catégories:
nopéné,
théatre,
historique,
Humour
Auteur: Brodsky, Source: Revebebe
... Adélaïde de Pierrefonds vient d’apparaître)
Adélaïde – Porthos – Mousqueton
Porthos : Ah, vous étiez là, ma douce.
Adélaïde : Oui…et depuis un moment déjà. Et j’ai tout entendu…
Porthos : Alors vous connaissez la nouvelle. Notre cher d’Artagnan sera là bientôt, aussi nous faut-il…
Adélaïde : Cela suffit, Porthos. Que vous ai-je dit plus de cent fois déjà cette semaine ?
Porthos : Que vous m’aimiez, ma douce…
Adélaïde : Non… pas cela…
Porthos : Ah si, ma douce, je vous assure… Hier encore, et cette nuit même, vous ne cessiez de me le répéter.
Mousqueton : J’ai tout entendu…enfin, si je peux me permettre.
Adélaïde : Je ne vous permets pas. Et si vous intervenez à nouveau, je vous ferai donner du bâton, Mousqueton.
Mousqueton : Du bâton ? Est-ce ainsi que l’on traite ses valets dans la noblesse libérale ?
Adélaïde : Libre à Porthos d’être libéral, mais moi je ne le suis pas. Taisez-vous. Quant à vous, mon ami…
Porthos : Oui, ma douce…
Adélaïde : Je ne cesse de vous répéter de moins manger. Et je vous entends préparer la venue de votre d’Artagnan en parlant de charcuterie, de saucisses, et je ne sais quoi…
Porthos : De charcuterie ? Grand Dieu que nenni, ma douce…
Mousqueton : Il a juste parlé de gibiers…
Porthos : Et de quelques bouteilles de bon vin…
Adélaïde : Oui, je vois… des perdrix, des sangliers, des chevreuils… Mais pas de charcuterie.
Porthos : Ah non, ma douce… Pas question de prendre du poids.
Adélaïde : ...
... Et ça ?(montrant le petit déjeuner)
Porthos : Ça ?
Mousqueton : Ça !
Porthos : Ah ça… Du… du café. Et… des tartines.
Adélaïde : Des tartines de rillettes…
Porthos : Non… Ah… Ah oui… Mousqueton, combien de fois faudra-t-il que je te dise que je ne prends plus de rillettes au petit-déjeuner ? Ma douce, pardonnez-moi, mais il s’agit d’une vieille habitude de soldat, et je n’avais pas fait attention ce matin que cet âne bâté m’en avait apporté. C’est que… voyez-vous, je pensais à vous.
Adélaïde : À moi, vraiment…
Porthos : Oui, je me disais que vous seriez heureuse de contempler ma statue à l’entrée de notre domaine.
Adélaïde : Vous ferez sculpter cette statue lorsque vous aurez vingt kilos de moins, mon ami.
Porthos : Mais Madame, pour perdre vingt kilos… Il ne faut plus manger.
Adélaïde : Il faut manger raisonnablement.
Porthos : Raisonnablement ? Il faut donc mourir de faim…
Mousqueton : Comme a écrit Monsieur Molière, il faut manger pour vivre et non vivre pour manger.
Porthos : Il faut manger pour vivre ! C’est bien ce que je dis… Et moi je vis beaucoup, alors il me faut beaucoup manger.
Adélaïde : Alors vous trouverez d’autres juments à chevaucher.
Porthos : Pourquoi cela ma douce, nos dix-huit étalons ne vous conviennent plus ?
Mousqueton : Euh, Monsieur… Madame entend par là…
Adélaïde : Et madame entend par ici également Mousqueton. Une dernière fois, mêlez-vous de vos affaires. Quant à vous, Porthos, j’entends bien que ...