Erotisme et poésie (8) : «Le doigt dans le vagin » de Pierre Louÿs
Datte: 25/12/2022,
Catégories:
Entre-nous,
Hétéro
Auteur: Olga T, Source: Hds
... l'auteur : recueil de poèmes en prose, il y déploie toute son érudition et sa connaissance des textes poétiques grecs. C'est l’amour pour la langue, un style simple et le plus juste possible, qui permet de dégager une grande force au service de la sensualité et de l’amour saphique. Comme pour la plupart de ses œuvres, Pierre Louÿs double les Chansons de Bilitis de poèmes en prose de la même eau mais accentuant l'aspect érotique. Ces « Chansons secrètes de Bilitis » n'ont été publiées qu'après sa mort.
Je ne détaillerai pas ici l’œuvre romanesque de Louÿs, signalant toutefois son premier roman, « Aphrodite (mœurs antiques) », publié en 1896 au Mercure de France, qui associe raffinement extrême, évocations sensuelles et décadentisme recherché.
Tout au long de sa vie, Louÿs a écrit un très grand nombre de « curiosa », doublant notamment ses œuvres publiées d'une version érotique. D'autres textes reprennent sous une forme coquine, voire pornographique, des œuvres sérieuses comme « les quatrains de Pybrac » ou « le Manuel de civilité pour les petites filles à l'usage des maisons d'éducation ». Il a également raconté ses relations avec les trois filles Heredia et leur mère dans « Trois filles de leur mère », publié sous le manteau après sa mort.
Beaucoup moins connus que ses romans, ses poèmes érotiques n’ont été édités clandestinement qu’après sa mort et sont restés longtemps interdits de publication. Cet ouvrage rassemble trois recueils, introuvables aujourd’hui : La ...
... femme, Le Trophée des vulves légendaires et le célèbre Pybrac.
Son « Œuvre érotique », enrichie de nombreux poèmes inédits, a été rééditée en 2012 par Jean-Paul Goujon (collection Bouquins, éd. Robert Laffont). Le poème que j’ai choisi est issu de ce recueil.
Son œuvre entière est un autel dressé à la femme, à sa sensualité et à sa beauté, et nul doute que derrière l’image d’écrivain décadent, pornographe, se cache un écrivain sensible, esthète, à redécouvrir, immanquablement…
ODE AU VAGIN
Louÿs est littéralement l’homme qui semble connaître les pensées les plus intimes des femmes, les plus honteuses, les plus inavouables. Il sait ainsi, dans le roman d’apprentissage « Toinon », décrire les sensations qui s’emparent de deux jeunes pensionnaires accablées de désir (« Du bout de la langue je recueillis, sur la pulpe douce de ses seins, toute une rosée légère et délicieuse »), il sait évoquer « la fauve odeur » des femmes que renferment leurs « touffes secrètes ». Et c’est parce qu’il connaît si bien ce corps féminin que Louÿs n’est jamais vulgaire, mais toujours superbe.
Je ne résiste pas au plaisir de reproduire le texte suivant de Louÿs. Quel plus bel hommage au sexe de la femme, à ce que le peintre Gustave Courbet avait intitulé « l’origine du monde » :
« Sexe de la Femme, ô vulve éternellement adorable, muse aux grandes lèvres, aux cheveux en couronne, reste ouverte devant moi tant que j’écrirai ce livre. Pour parler d’amour, donne-moi des paroles douces ...