La rencontre - Histoires de Sexe

La rencontre

... exactement, en fait ? Je suis heureux de sa présence, elle me rassure, elle me distrait, elle me…

— Bon, si ça te gêne, je ne vais pas m’imposer non plus, me dit-elle, en faisant la moue d’une petite fille boudeuse.

J’essaye de me rattraper avec une dose d’humour.

— Non, non, pas question. Je ne vais pas te laisser dans la rue. Pas envie qu’un agriculteur te pourchasse avec sa fourche pendant toute la nuit. Mais la proposition pourrait être…

Émilie m’interrompt en éclatant de rire :

— Tu sais, sur le chemin, beaucoup d’hébergements sont mixtes. Ça t’arrivera plus d’une fois de partager une chambre, ou un dortoir, avec des personnes des deux sexes. Rien de mal à ça. Bien sûr, il y a des dragueurs, il y a des dragueuses, et il y a des rencontres. Mais, comme sur tous les chemins du monde, il y a surtout des personnes qui marchent vers un but, et qui partagent leur histoire, leur richesse intérieure.

Bon, comme ça les choses semblent plus claires. Émilie n’en veut pas à ma vertu. Nous continuons notre chemin jusqu’à E…, où Émilie me guide sans hésitation jusqu’à l’auberge des trois A…

Il y a, quelque part, une bonne étoile ou un mauvais esprit qui s’amuse à emmêler les fils du destin, pour le meilleur ou pour le pire. L’aubergiste nous explique que le doyen d’une des grandes familles du village s’est éteint l’avant-veille, et que sa tribu éparpillée aux quatre coins du département a rappliqué pour lui dire adieu et soutenir son épouse et ses fils. ...

... L’établissement est plein comme un œuf.

— Monsieur, vous avez de la chance, je vous ai réservé ma dernière chambre quand vous m’avez appelé ce matin. Pour vous, Madame, je suis désolé, mais je suis vraiment complet ce soir, ce qui ne m’arrive pas souvent.
— Bon, si je me souviens bien il y a un autre hôtel à E…, avec un peu de chance ils auront une petite place pour moi, répond-elle sans se départir de sa bonne humeur, mais en me regardant du coin de l’œil.

Je suis comme paralysé, et les mots tout simples qui devraient sortir de ma bouche restent bloqués. Émilie vient à mon secours :

— À moins que mon compagnon de route ait réservé une chambre double ?
— Effectivement, c’est une chambre pour deux personnes, répond l’hôtelier, qui doit commencer à se demander si la situation est préméditée. Je peux vous la préparer avec deux lits. Étant donné les circonstances, je vous la ferai au même prix, et je vous offre le petit déjeuner.

Émilie s’enregistre rapidement, pendant que je m’assure auprès de la cuisine que nous pourrons nous restaurer sur place. Nous nous arrêtons ensuite au bar de l’auberge pour un rafraîchissement bienvenu, pendant que le personnel prépare la chambre.

Dans l’escalier qui nous conduit à ma – notre – chambre, un malaise s’installe dans mon esprit. Que va-t-il se passer quand la porte se refermera ? Je suis parfaitement décidé à me conduire en gentleman, mais je suis un peu inquiet de l’attitude d’Émilie, qui d’ailleurs lit parfaitement dans mes pensées ...