Rencontre naturiste - Histoires de Sexe

Rencontre naturiste

... et de me trouver ici pour prendre l’apéritif… Tu as dû t’ennuyer, seule à la plage ?
— Mortellement ! J’ai beaucoup nagé. En longeant les rochers à droite de la plage, j’ai découvert assez loin une petite langue de sable qui s’enfonce dans des bosquets de laurier-rose. Je ne serais pas surprise que tu connaisses ce coin ?
— Très bien ; je vais souvent par là. Dans certaines circonstances, c’est idyllique.
— J’en suis persuadée… Jean va arriver avec les apéros et tu vas pouvoir noyer tes ennuis dans l’alcool, et peut-être aussi tes regrets par la même occasion.
— Il s’agit bien de regrets.
— Je comprends aisément… Je t’inviterais bien à dîner, mais ce soir ce n’est pas possible. Nous avons prévu de manger une bouillabaisse à Cogolin, dans un restaurant où on doit retenir plusieurs jours à l’avance. Demain nous allons à Nice, donc pas de plage ; mais le soir, nous serons de retour ici. Fais-moi plaisir : viens dîner à la maison ; on ne se reverra peut-être plus, ce serait dommage.
— Je ne refuserais rien à une femme comme toi. Mon scooter ne sera pas réparé, mais j’ai assez de copains pour en emprunter un.

Ils ont accompagné Charles à Sainte Maxime, puis se sont dirigés vers Cogolin. Pendant le trajet, ils ont parlé de ce jeune homme. Jean avait eu le temps de discuter avec lui quand il l’avait pris en stop. Il assura à Danièle l’avoir trouvé très sympathique, et il ajouta ironiquement :

— J’ai compris que tu lui plais beaucoup, ce qui aurait pu m’inquiéter s’il ...

... avait été possible que tu puisses le revoir, ce qui n’est pas le cas.
— Tu te trompes puisqu’il vient dîner demain soir à la villa.
— Tiens donc ! Par conséquent, j’ai des raisons objectives de me poser des questions.
— Pourquoi ?
— Nous en parlerons pendant le repas. Quand en nous quittant il nous a dit « à demain », je n’ai pas compris pourquoi. Tu aurais dû me prévenir.
— Tu n’es pas ennuyé par cette invitation ?
— Non, je sais que tu avais très envie de le revoir.
— N’exagérons rien.

En fait, pendant le repas, ils n’en ont pas reparlé, trop occupés à savourer la bouillabaisse et à boire un très bon Tavel. Chaque fois qu’ils se retrouvent seul à seul, sans préoccupations, sans aucune urgence avec comme seul but le bonheur d’être ensemble, Danièle et Jean goûtent cette paresse du temps qui leur est offerte et qui leur fait sentir qu’ils sont proches, voire fusionnels et heureux de l’être. Quand il s’agit comme ce jour de se retrouver au calme dans un restaurant, il y a un plus, né de leur complicité devant cette forme de sensualité qui est d’aimer l’un comme l’autre la bonne chère, au même titre que l’amour physique. Dans un tel moment de grâce, elle se rend compte qu’elle a presque oublié sa déception de l’après-midi, comparée à l’amour de Jean et à la vie avec lui. Et si son affaire avec Charles n’est que partie remise, elle sait que ce qui pourra advenir avec lui ne sera qu’une péripétie sans autre importance que le plaisir qu’elle en tirera.

Arrivés à la ...