1. Louise et Daniel


    Datte: 08/11/2022, Catégories: fh, anniversai, amour, dispute, Oral pénétratio, rencontre, Auteur: Laetitia, Source: Revebebe

    ... amie à la fac m’a dit un jour que le mot « fusionnel » a dû être inventé pour nous. Nous nous sommes mariés quelques années plus tard, nous avions vingt-cinq ans. Il a racheté une librairie, son rêve, j’étais doctorante. C’est uniquement pour ça que je suis restée en France. Si j’avais été célibataire, sûrement je serais partie du côté de la Silicone Valley. Un jour, alors que j’étais à Genève pour une conférence, j’ai reçu un appel de son père. Victor était mort, rupture d’anévrisme, à vingt-huit ans. Rien ne le laissait présager, il n’était jamais malade.
    
    Un long silence s’installe… Louise a le regard dans le vide. Daniel n’ose pas lui parler, il lui semble qu’une larme perle au coin de son œil. Enfin, elle reprend :
    
    — Je ne m’en suis jamais remise.
    
    Après un nouveau silence, Louise a un petit rire nerveux :
    
    — Excusez-moi, maintenant c’est moi qui plombe l’ambiance.
    — Mais non, c’est émouvant. Et vous n’avez jamais refait votre vie donc ?
    — Je me suis retranchée dans le travail. J’ai la chance d’avoir fait de ma passion mon métier. J’ai rencontré bien sûr quelques hommes par la suite. Oh, pas cinquante, hein ! Quelques-uns. Ça n’a jamais duré bien longtemps. Une fois, j’ai eu un début de relation avec un charmant garçon. Ça a duré six mois. Je crois que ça venait de moi, par forcément d’eux.
    — Comment ça ?
    — Inconsciemment, je m’arrangeais pour rompre. Non pas qu’ils le méritaient, enfin, parfois si tout de même ! Non, c’est surtout qu’à chaque fois, je ...
    ... comparais avec Victor. À mes yeux, aucun ne tenait la comparaison.
    — On n’oublie jamais l’amour d’une vie.
    — C’est vrai, mais on peut passer à autre chose. Je n’ai jamais pu. Vous allez me trouver idiote, du moins c’est en total décalage avec ma formation scientifique, mais je reste persuadée que Victor est là, qu’il me guide, me conseille, veille sur moi.
    — Certainement il est là, toujours avec vous. C’est… touchant Louise.
    — Je n’ai… jamais parlé de tout ça avec personne. Excusez-moi encore.
    — Mais non, vous ouvrez votre cœur, c’est tout. Si c’est la première fois, je suis ému que ce soit avec moi.
    
    Daniel pose sa main sur celle de Louise. Elle ne la retire pas, le regard baissé. Daniel suppose que Louise doit être au plus profond de ses pensées, quelque part avec Victor. Il respecte son silence.
    
    Enfin, elle relève la tête et dit en souriant, tout en retirant doucement sa main :
    
    — Parlons d’autre chose…
    
    La discussion reprend de plus belle, les sujets sont plus variés, plus légers aussi. Quelques rires fusent au fur et à mesure de la soirée.
    
    Louise a été sobre, après deux verres de vin, elle préfère se rabattre sur la bouteille de Badoit.
    
    En revenant de régler discrètement l’addition au comptoir, Daniel lui tend la main pour l’inviter à se lever :
    
    — Vous êtes à pied, je vous raccompagne.
    — Je ne voudrais pas abuser, mais j’accepte volontiers. Je n’aime pas les rues vides la nuit.
    
    Avant de démarrer, Louise railleuse dit à Daniel en accrochant sa ...
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