1. Le garçon au carnet (1)


    Datte: 07/11/2022, Catégories: Hétéro Auteur: Yojik, Source: Xstory

    ... de mon voyage. Je suis allée m’allonger dans la chambre et j’ai un peu dormi. Après on est allé chez mes grands-parents où on a diné et où j’ai passé la nuit.
    
    L’enterrement a eu lieu le lendemain matin. A part nous, il n’y avait personne du village. En même temps, mémé, toutes les personnes qu’elle connaissait vraiment étaient déjà mortes depuis longtemps. J’allais pleurer quand je me suis rappelé ce que m’avait dit le monsieur. J’ai alors pensé à de jolis souvenirs que j’avais d’elle et avec elle. J’ai souri et j’ai eu l’impression que le cercueil brillait un peu. Je me suis sentie mieux après ça. Quand la tombe a été refermée, au cimetière, nous sommes retournés chez elle. J’ai aidé à faire du tri cette fois-là. On m’a proposé de prendre des souvenirs. J’aurais bien pris plein de choses, mais avec ma valise déjà trop lourde, ce n’était pas possible. J’ai confié quelques babioles à mes parents et puis je suis quand même tombée sur son voile. Un blanc tout simple, presque un simple foulard en soie. Personne n’a vraiment su me dire si c’était celui de son mariage ou de sa communion. En tout cas, moi je l’ai trouvé beau et il sentait le vieux.
    
    Pour une fois, ça m’a plu. Alors je l’ai gardé. Je l’ai eu en main presque toute la journée. Et en début de soirée, j’ai eu envie d’aller faire une prière à l’église. Un truc que je ne fais jamais pourtant. Mais là, j’en avais besoin, pour mémé. Et j’ai fait les choses bien : agenouillée, les mains jointes et tout. J’ai même mis ...
    ... le voile sur ma tête. Tu te rends compte journal ? Mais ça m’a fait un bien fou.
    
    Le lendemain, je suis repartie en milieu de matinée. Et crois-moi, journal, un jeudi vers 10h dans une petite gare limousine, tu ne vois pas grand monde. Personne même. Le TER est arrivé à l’heure. Heureusement, car il commençait à faire vraiment très chaud. Le soleil tapait durement, la journée risquait d’être étouffante. Je me suis inquiétée du temps à Paris pour mon changement là-bas. Les couloirs du métro en canicule, ce n’est pas une expérience que je veux faire. Mais en pianotant sur mon smartphone, je me suis rassurée, l’Ile-de-France était sous la pluie. Je suis vite montée dans le train pour m’y retrouver seule. Pas un passager, pas un contrôleur. Seulement le conducteur. Ça coûte combien de maintenir des lignes où il n’y a jamais personne ?
    
    A la gare suivante, j’ai eu le déplaisir de voir quelqu’un monter. Déplaisir, mon cher journal, car c’était le mec du métro. Je n’avais pas de chance. Et je n’avais encore rien vu. Cinq minutes après le départ, le train s’est arrêté quasiment d’un coup. J’ai eu peur et j’ai crié. Le mec n’a rien dit, mais il a semblé fâché que l’arrêt lui ait fait faire une rature sur son carnet. Je m’étais installée dans un carré et lui aussi, pas le même évidemment. On pouvait bien se voir. Je l’ai regardé alors qu’il essayait de réparer son raté. Il n’y avait plus un bruit dans le wagon...
    
    Et là, mon petit journal d’amour, c’est là que ça a commencé à ...
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