Déchéance et rédemption (13)
Datte: 14/10/2022,
Catégories:
Hétéro
Auteur: simson3, Source: Xstory
Prologue du tome II
Affichant une barbe poivre et sel de plusieurs jours et revêtu d’habits de détenu légèrement froissés, Jérôme Durocher se tenait debout, flanqué de deux agents portant stoïquement leur uniforme kaki impeccablement brossé, symbole silencieux mais pourtant éloquent du nouveau régime chinois, régime dont la sévérité et la rigueur n’avaient rien à envier à celles de celui implanté par Mao Zedong au siècle dernier. En cette année 2026, au lendemain de l’implantation par l’armée de ce nouvel ordre politique suite aux soulèvements populaires d’une nation assoiffée de liberté, le gouvernement récemment mis en place affermissait sa position sur le plan international en procédant à la condamnation de diplomates étrangers dont le comportement avait été jugé préjudiciable pour la sécurité nationale.
Même une mouche se serait abstenue de se faire entendre dans la salle d’audience, alors que le président du tribunal de la Nouvelle République Démocratique de Chine (qui n’avait de démocratique que le nom) allait prononcer son verdict. Témoin de la scène tout aussi silencieux qu’imposant, un immense portrait du Grand Timonier occupait un large espace sur le mur devant lequel siégeait le tribunal, en hommage au fondateur du régime précédent.
— Accusé Jérôme Durocher, commença le juge dans un anglais cassé, vous avez par vos agissements pernicieux trahi la confiance qu’accordait la Chine à vous ainsi qu’au gouvernement de votre pays, le Canada. Vos efforts de ...
... diplomatie se sont avérés être plutôt des actes d’espionnage destinés à affaiblir les défenses du régime. En conséquence, le tribunal vous condamne immédiatement et sans appel à la prison à vie. Vous serez ainsi une autre preuve devant la communauté internationale que nous n’entendons pas rire avec les manœuvres des pays qui ne respectent pas les valeurs de la Nouvelle République Démocratique de Chine.
Silencieux, Jérôme baissa la tête et, toujours accompagné de ses gardes qui le bousculaient discrètement, prit la direction du fourgon cellulaire. Il savait que c’en était fait pour lui. Le gouvernement canadien avait, depuis longtemps déjà et à de multiples reprises, tenté de calmer le jeu avec son implacable interlocuteur international. En vain. Pour l’homme qui s’engageait à peine dans la quarantaine, tout était terminé. Il ne le savait que trop bien.
Il prit place dans sa nouvelle cellule, dorénavant son milieu de vie. À cause de son statut de diplomate, il se savait toutefois épargné des travaux forcés. Mince avantage, mais pour combien de temps encore ? Assis sur sa couchette, son regard se perdit dans la cloison de blocs pierreux délavée qui le séparait de la cellule voisine. Il vit s’y dessiner le portrait de sa famille. Sa femme Jasmine, cette grande et belle rouquine qu’il aimait tant, celle avec qui il avait passé les plus belles années de sa vie. Sa fille Sophie, le portrait de sa mère mais en plus jeune, qui lui avait tout simplement dit en l’embrassant sur la joue ...