Rêves et cauchemars - Histoires de Sexe

Rêves et cauchemars

... se lève d’un bond, se tournant vers la penderie. Dans la grande glace sur la porte marquetée du meuble, c’est une autre qu’elle qui la dévisage, à la place de son reflet habituel : une brune aux yeux grands ouverts et aux traits déformés par l’effroi, dont la bouche béante laisse échapper un cri silencieux.

Tout en se précipitant vers la porte de la cabine, Laura jette un regard affolé sur les nombreux petits miroirs qui décorent son intérieur ; ils reflètent tous des visages différents, ceux de parfaites étrangères la regardant s’enfuir. Chacune a sur les traits la même expression terrifiée.

Elle sort enfin de la petite pièce capitonnée et claque la porte derrière elle. La coursive est étrangement sombre ; l’éclairage d’habitude si brillant est moribond. D’une main tremblante, elle essaie de verrouiller à clef cette maudite cabine, futile tentative pour stopper l’horrible phénomène. Des passagers la croisent dans le couloir ; ils l’observent d’un air réprobateur, s’écartant d’elle tandis qu’elle bataille avec son trousseau de clefs dans la pénombre.

Une puissante déflagration se produit soudain dans sa cabine ; le souffle la projette contre le mur, tandis que des éclats de verre s’abattent sur elle en pluie. Tous les miroirs de la pièce viennent d’exploser en même temps ! La suite est remplie d’une fumée compacte, comme une brume étrange, qui s’écarte pour laisser émerger une silhouette, celle de l’homme qui tout à l’heure était debout derrière son épaule.

Il ...

... est bien réel à présent et se dirige vers Laura, repoussant négligemment la porte défoncée. Il s’approche sans qu’elle puisse s’enfuir ; elle est comme paralysée. Il la saisit fermement aux épaules et elle remarque avec terreur que ses mains ne sont pas humaines : de longues griffes acérées remplacent ses doigts ! Les griffes de la créature s’enfoncent à présent dans sa chair, faisant gicler de petits geysers écarlates. La robe de soirée s’imbibe lentement de son sang, tandis que Laura sent ses forces la quitter un peu plus à chaque pulsation cardiaque…

… Des cris stridents lui déchirent les oreilles, faisant se diluer la réalité de la scène comme la pellicule d’un film boursouflée par la chaleur d’un projecteur. Ce qu’elle entend, ce sont ses propres hurlements. Elle se redresse à tâtons contre la tête du lit, tremblante et couverte d’une sueur à l’odeur aigrelette. Il lui faut quelques secondes pour réaliser qu’elle est vraiment indemne et hors de danger.« Quel horrible cauchemar ! » Le réalisme de ce qu’elle vient d’éprouver lui paraît presque supérieur à la réalité du moment présent, instant blafard coincé entre sommeil et état éveillé…

Bizarrement, le bloc santé reste silencieux, comme si personne n’avait entendu ses cris de terreur. Elle a l’impression que l’éclairage dans la pièce a baissé ; des ombres étranges déforment bizarrement toutes les perspectives.« Est-ce que ces enfoirés m’ont droguée ? »

Malgré l’étrangeté de la situation, Laura ressent un calme ...