Rêves et cauchemars - Histoires de Sexe

Rêves et cauchemars

... prendra ce risque pour moi ; ce serait se désigner lui-même ! »

Paul commence à sérieusement s’inquiéter sur son propre compte ; il risque très gros dans cette histoire.« Faut vraiment que je limite la casse… et que je pense d’abord à mon cul ! »

Il a rendez-vous avec Milton dans à peine une heure pour parler de « l’incident ». En attendant l’entrevue, il a rejoint son bureau. Les minutes passent sans qu’il soit en mesure de se concentrer plus de quelques instants sur les paperasses habituelles. Ses pensées reviennent sans cesse sur les évènements de la veille, tandis qu’il triture nerveusement un trombone, le regard absent.

Au même moment, dans son somptueux bureau du dernier étage, Milton visionne pour la troisième fois les vidéos enregistrées la veille dans le labo. Les images montrant Paul et la journaliste en train de forniquer dans des positions impossibles défilent sur l’immense écran mural lui faisant face. Ces exploits sexuels tout à fait débridés – une grande première dans la sphère antigravité – provoquent en lui un émoi certain.« J’aurais bien pris la place de ce corniaud, si j’avais pu ! »

Ce ne sont pourtant pas ces quelques images qui vont l’éclairer sur les raisons de l’incident. Il doit essayer de rassembler le maximum d’indices sur ce qui est arrivé à la journaliste. Il lance alors une série de commandes vocales à destination du serveur d’images ; des courbes et des graphiques ésotériques remplacent la vidéo sur l’énorme écran. Il s’agit des ...

... différents paramètres biologiques de la journaliste, enregistrés durant toute l’expérience par le nodule biomédical inséré - si plaisamment ! - dans son rectum.

Milton est franchement troublé par ce qu’il décèle dans le tracé des ondes cérébrales. À partir de l’instant où elle a perdu connaissance, l’encéphalogramme de Laura témoigne d’une activité psychique très différente de ce qu’elle aurait dû être. Il est très surpris par le niveau incroyablement élevé de son rythme bêta, comme si son cerveau avait fonctionné à plein régime alors même qu’elle était inconsciente !

Face à l’inexplicable, Milton finit par se demander si le cylindre au cœur du dispositif antigravité ne serait pas, d’une façon ou d’une autre, lié à tout cela. Cette pensée l’effraie tout autant qu’elle le fascine ! Bien qu’il ait passé les trente dernières années à étudier sous toutes les coutures l’artefact extraterrestre, il est encore bien loin d’avoir découvert tous les mystères de ce bloc de matière vitrifiée. En particulier, il n’a toujours pas la moindre piste expliquant sa présence sur terre. Cette question sans réponse a torturé son esprit des centaines de fois, lui donnant l’impression, malgré son aura de chercheur de premier plan, d’être aussi démuni devant cet objet qu’un babouin face à un parapluie.

Les pensées du vieux savant sont interrompues par trois coups discrets frappés à la porte. Invité à entrer, Paul Tournier s’avance vers son bureau, plutôt mal à l’aise. Il s’assoit sous le regard ...