Un petit trajet en camion - Histoires de Sexe

Un petit trajet en camion

... idée dans le crâne, il ne l’a pas ailleurs.

Je plisse des yeux :

— Et ça t’arrangeait bien, n’est-ce pas ?
— Je serais un gros menteur si je disais non.
— Je vois ça… et en plus, tu continues de bander comme un âne !
— Désolé, mais je ne suis pas un moine anachorète et tu es très bandante, habillée ou pas.
— Hein ? C’est quoi que c’est que ça : « Anna collerette" ? Tu ponds ça d’où ?

C’est avec un certain sourire qu’il me répond :

— Anachorète : un moine ascétique qui vit au fond d’une grotte ou dans un désert. Y en avait même qui vivaient en haut d’une colonne explosée à tous les vents.
— Y a des barges partout !
— Je reconnais que passer dix ou vingt ans de ma vie en haut d’une colonne, ça ne me dit pas des masses.
— D’autant que l’abstinence et toi, ça fait deux !
— C’est pas faux. Si je devais choisir, je serais pope ou pasteur, mais certainement pas prêtre.

Un certain silence s’installe entre nous. C’est moi qui le brise :

— Et tu dis que c’est mon mec qui t’a demandé de tester ma fidélité ?
— Comme déjà dit, mais si tu ne me crois pas, téléphone-lui.
— Le pire, c’est que je te crois. Mais il lui a pris quoi, à ce con ? Faut être un sacré crétin des Alpes pour demander un truc pareil !

Daniel s’approche un peu de moi :

— Vanessa, je ne suis pas un grand psychologue, mais je peux t’affirmer certaines choses en ce qui concerne les hommes et leur libido.
— Comme quoi, par exemple ?
— Les hommes aiment bien faire savoir leur bonne ...

... fortune, et certains poussent l’idée un peu plus loin que les autres : ils partagent.
— Ils partagent ? Tu veux dire que Cédric fait partie de cette catégorie ?
— En tout cas, il s’en approche. J’ai déjà eu droit de sa part à certaines confidences. Sans oublier le fait qu’il accepte que nous dormions à trois, ce qui n’est pas innocent, et qu’il sait aussi que tu es assez permissive.
— Genre ton machin tout dur et parfois tes mains qui s’égarent ?
— Par exemple…

Maintenant toujours la couverture contre moi, je désigne mon sac resté au sol :

— Donne-moi mon téléphone, Daniel. Je vais tirer ça tout de suite au clair. Je veux savoir que ce que mon homme a vraiment derrière la tête.
— Tiens, le voilà…

Je m’empare du smartphone qu’il vient de me tendre. Je veux en avoir le cœur net. Tant pis si ça risque de foutre en l’air mon couple. Mais je préfère une situation tranchée dans le vif, même si ça fait mal, à quelque chose de bancal qui suppure et qui se nécrose petit à petit.

Je respire un grand coup puis j’appelle mon homme. Je bascule en mode haut-parleur pour que Daniel entende. Quelques secondes plus tard, la voix de mon homme résonne à mon oreille. Je coupe court :

— Cédric, c’est quoi cette histoire de tester ma fidélité ?
— Euh… je…
— Tu confirmes ou pas ?
— Je… disons que…
— Oui ou non ?
— J’ai demandé à Daniel si… enfin… si…
— Donc tu confirmes.

Un certain silence puis la réponse :

— Euh… oui…
— Je sais bien que tu m’as plusieurs fois demandé si ...