Chapitre 1 - Histoires de Sexe

Chapitre 1

... colonel.

— Alors, qu’est-ce qui vaut la peine que vous vous déplaciez pour me rencontrer ? commencé-je d’un ton ironique.
— Nous avons une offre d’emploi à vous faire, affirme le Colonel.
— Sachez que le projet sur lequel je travaille est en phase terminale et je n’ai aucune envie de l’abandonner.
— Je comprends bien. J’ai visionné votre conférence, et j’ai bien vu à quel point ces microsatellites vous passionnent. Il faut dire que c’est une petite révolution d’avoir créé un système spatial si générique et si rapidement adaptable !

C’est ça, passe moi de la crème mon gars. Je hoche la tête, j’attends la suite.

— Je n’ai pas tout compris, c’est largement au-delà de mes connaissances techniques, mais vous avez su captiver la salle, tout paraissait couler de source dans votre démonstration !
— Attendez, de quel enregistrement parlez-vous ? Cette conférence n’était pas filmée !
— Si, elle l’était. Nous suivons de près toutes les avancées technologiques dans des secteurs clés comme le spatial.
— Et sans que personne ne le sache ?
— Bien, donc je vous disais que j’avais une offre d’emploi pour vous, esquive-t-il. D’après les grilles de salaire du CNES, vous devez être aux alentours de 35k annuel, rejoignez-nous et nous vous offrons 50k par an !

J’ai le souffle coupé, non par le salaire irréaliste pour une personne de mon âge, mais d’être ainsi acheté. Je réussis à formuler une réponse cordiale, refrénant mon envie de l’envoyer péter.

— Vous savez, si l’argent ...

... m’intéressait, je ne serais pas ici mais dans un grand groupe privé.
— De plus, vous travailleriez sur un projet encore plus high-tech qu’aujourd’hui, continue-t-il sans relever ma remarque.

Plus qu’un satellite ? Il se fout de moi ou quoi !

— De quoi s’agit-il ?
— Il s’agit d’un projet secret-défense, je ne peux pas vous dire grand-chose avant que vous soyez engagé.
— Et vous croyez que je vais tout abandonner comme ça, juste pour un salaire plus important ?
— Bien sûr que non ! Mais je me devais d’essayer… Connaissez-vous Bernard Werber ?

Je suis surpris par la question, mais encore plus par l’intervention du mateur (enfin, le deuxième homme, je ne me rappelle déjà plus son nom, il a vite été remplacé par « le mateur » dans mon esprit). D’un ton autoritaire, il ordonne au colonel de le suivre dans le couloir. Comme s’il allait lui passer un savon pour avoir prononcé le nom de Werber. Quelques minutes plus tard, les deux hommes sont revenus et se rassoient aux mêmes places que précédemment.

— Bien, nous pouvons continuer, dit le colonel d’un ton exaspéré.

Il sait aussi bien que moi exprimer par le son de sa voix ce qui n’est pas prononçable dans le monde professionnel. Le mateur l’emmerde, du coup le colonel remonte nettement dans mon estime.

— Donc, connaissez-vous Bernard Werber ?
— Le romancier ? Oui, j’adore ses livres !
— Très bien. Savez-vous qu’il a écrit des recueils de nouvelles concernant des futurs possibles de l’humanité ?
— Oui, je les ...