1. Retour de bâton - Partie 1


    Datte: 23/03/2022, Catégories: Entre-nous, Hétéro Auteur: Briard, Source: Hds

    ... sa messagerie. Elle réessaya quelques minutes plus tard sans plus de succès. Elle appela les parents de son époux qui lui répondirent ne pas avoir de nouvelles de leur fils depuis la veille. Trois heures plus tard, elle se retrouva morte d’inquiétude, ne sachant rien faire d’autre que d’attendre. Vers minuit elle entendit la clé dans la serrure de la porte d’entrée. Elle se précipita et le trouva en train de se déchausser.
    
    « Mais tu as vu l’heure ? Où étais-tu ? J’étais morte d’inquiétude. »
    
    « Je suis sorti et j’ai fait un tour jusqu’à la seine. »
    
    « Mais je t’ai appelé au moins une dizaine de fois et suis systématiquement tombée sur ton répondeur. »
    
    « J’avais éteint mon téléphone, c’est vrai. A l’hôpital, le réseau était très mauvais. J’ai oublié de le rallumer. »
    
    « Mais qu’as-tu fait pendant tout ce temps ? »
    
    « Je ne savais pas trop où aller au début, alors j’ai laissé faire mes pas. Ils m’ont amené au Jardin d’Erevan puis au pont Alexandre III. J’ai regardé la seine. J’avais la tête vide, je voulais oublier, mais je n’y arrivais pas. Je revoyais sans arrêt Léo, son visage à travers les années. J’avais envie de me noyer dans l’eau. Elle m’attirait irrésistiblement. Je me suis penché au-dessus du parapet, mais une jeune fille m’a attrapé par le bas de ma veste. Elle m’a dit : Mais vous n’allez pas vous suicider devant moi ? Je n’ai pas su quoi lui répondre. Je suis reparti et suis directement rentré à la maison. »
    
    « Mon pauvre amour, dans quel état te ...
    ... mets-tu ? Tu n’as même pas mangé. »
    
    Il se laissa tomber dans le canapé du salon et la regarda s’asseoir près de lui. Elle le prit dans ses bras et il pleura longuement, le corps secoué de sanglots.
    
    « Mon frère, je l’ai perdu à jamais. Je ne sais pas comment je vais faire sans lui. »
    
    « Je suis là mon amour. Je serai toujours là pour toi, pour te soutenir, pour t’aider à surmonter cette terrible épreuve. »
    
    La nuit de Sacha fut longue et agitée. Il s’endormit sur le matin peu de temps avant que le réveil d’Agathe ne sonne. Le son strident ne le fit même pas bouger. Sa femme se leva, se prépara et parti pour les studios sans que son mari ne bouge un cil. Lorsqu’elle revint le soir, la maison était vide de nouveau. Paul prit l’habitude de passer ses journées à l’extérieur et de rentrer à plus d’heure. Le peu de temps qu’il passait auprès d’elle, il pleurait, se lamentait, semblant ne pas pouvoir reprendre le dessus. Elle demanda conseil à un ami psychothérapeute qui lui conseilla de le laisser vivre sa peine, ce qui serait sans doute le meilleur moyen de se reconstruire. Ainsi, Sacha passa ses journées à marcher depuis leur appartement jusqu’au pont un jour sur deux, puis, les autres jours, il se rendait au parc Monceau. Il déambulait tristement, ressassant les mêmes pensées funestes, repassant en revue sa vie, sans jamais se projeter dans l’avenir qui lui paraissait bien terne et triste à mourir. De son côté Agathe commençait à ne plus trop croire en une guérison morale ...