1. Nana (10)


    Datte: 28/12/2021, Catégories: BDSM / Fétichisme Auteur: X. Lamy, Source: Xstory

    ... pas pourquoi je le serais. On ne respecte pas assez les personnes qui se vendent. Que ça soit leur sexe ou le reste d’ailleurs. Tout comme on respecte pas assez leurs sacrifices.
    
    — Apparemment les sciences humaines, ça ouvre l’esprit...
    
    — C’est vrai que ça a joué.
    
    — C’était le meilleur moyen de faire de l’argent. De faire rapidement assez d’argent en fait. Je postais des annonces où je pouvais. Adèle était à l’école et je faisais garder Anaïs, je rejoignais le lieu de rendez-vous. Je me donnais, enfin non, je me vendais. Et je rentrais chez moi moins pauvre. Ne te méprends pas, j’ai détesté ce métier. Ou plutôt, j’ai détesté être obligée de le faire. Mais j’avais mes princesses.
    
    Nous mangions en même temps que nous parlions. C’était kafkaïen : une femme nue de 46 ans qui discutait de son ancienne vie de prostituée avec son amant de 18 ans son cadet. Ledit amant couchait d’ailleurs avec ses deux filles. Si j’avais passé moins de temps à coucher et plus de temps sur ma thèse, je me serais peut-être rendu compte plus tôt de l’absurdité de ma vie.
    
    — Et lorsque tu vends ton corps à des inconnus, tu apprends à les maîtriser. Pacifiquement, j’entends. Pour avoir plus d’argent et avant ça, pour ta sécurité.
    
    — Si le métier était mieux encadré, on n’en serait pas là.
    
    — Les putes le savent très bien. Beaucoup de personnes le savent. Qui les écoute ?
    
    — Qui les écoute... Et c’est comme ça que tu as appris à torturer un homme.
    
    — Torturer, tout de suite les ...
    ... grands mots...
    
    — Anaïs et Adèle ne sont pas au courant ?
    
    — Non, et j’aimerais mieux que ça reste comme ça. Je n’ai pas honte, enfin, plus honte de ce que j’ai fait.
    
    — Parce que les autres rendent ça difficile à assumer ?
    
    — Tout à fait.
    
    — Les autres ne savent pas.
    
    — Effectivement, les autres ne savent pas. Ça ne les empêche pas de nuire.
    
    — J’en suis désolé Morgane. Je n’ai pas d’idée précise de ce que ça doit faire, de comment on vit ça.
    
    Nos assiettes étaient vides et moi je passais pour un con.
    
    — Je sais. Ce n’est pas ce que je te demande.
    
    — Qu’est-ce que tu veux dans ce cas ?
    
    — Ce que tu fais déjà. M’accepter comme je suis.
    
    — Je n’ai que du respect pour toi Morgane. Et de l’admiration.
    
    Elle ne dit plus rien. Elle me fixe en souriant à moitié. Elle n’a pas l’air gênée ou en colère, mais j’ai quand même le sentiment que quelque chose ne va pas. J’essaye d’avoir une expression compréhensive, avenante. Je cherche mes mots et je sens quelque chose toucher mon sexe. C’est son pied.
    
    — Morgane...
    
    — C’est triste et idiot, mais c’est probablement l’une des rares fois où je me suis retrouvée face à un homme qui essayait de comprendre et acceptait.
    
    — C’est...
    
    — C’est tout ce qu’il me faut.
    
    — D’accord Morgane...
    
    — Maintenant, il faut que tu saches autre chose aussi ?
    
    — Qu’est-ce qu’il y a ?
    
    — Tu ne partiras pas de cette maison avant d’avoir joui partout sur moi et en moi.
    
    Elle a retiré ses talons. Je sens le nylon noir et doux ...
«12...567...16»