1. Bel hiver


    Datte: 07/08/2018, Catégories: f, vacances, sport, exercice, Auteur: Lise-Elise, Source: Revebebe

    ... suffisamment ses muscles, alors elle s’envolera. Elle l’attend et le redoute, en même temps. Si elle fait une erreur, elle risque gros. Elle ne veut, en aucun cas, blesser Eric. C’est pour lui faire plaisir qu’il a accepté. Elle sait très bien qu’il préférerait être ailleurs.
    
    Elle s’apprête et, elle le sait, l’appréhension participe de son plaisir. Elle évalue du regard l’allongement de la barre. Elle sait que la résistance est presque atteinte. La tige rigide appuie maintenant durement sur son ventre, elle doit faire un effort pour ne pas la lâcher. Maladroitement, elle y porte sa deuxième main. C’est inutile, elle le sait.
    
    Tout s’accélère. La tringle manque de lui échapper. Elle arrive en butée. Christine serre les jambes pour ne pas perdre le contrôle. Elle lutte, s’agrippe, s’encourage à mi-voix. Gagne une seconde de répit. Puis ça repart, plus fort, plus vite. Mais maintenant elle est prête.
    
    Sa tête se renverse en arrière, elle se sent comme happée, et ça y est, elle part, elle part, elle voudrait que ça dure longtemps, longtemps, elle se sent légère comme une plume, libre, à peine liée au monde. Elle a réussi, et le plaisir même lui fait oublier la tension de ses muscles, la crispation de ses orteils. Elle s’est envolée…
    
    Ça dure, bien entendu, trop peu. Le retour sur terre se fait en douceur, mais la fatigue se fait sentir. Elle a hâte, maintenant, que ce soit fini. La perche oscille lentement entre ses jambes, elle la dégagerait s’il n’y avait pas Eric. ...
    ... Mais il n’est pas, lui, familier des lieux. Elle ne veut pas l’induire en erreur.
    
    Elle voit, enfin, la crête salvatrice. Arrivée au sommet, elle a un mouvement souple du poignet. Elle se laisse conduire avec élégance, puis d’un coup lâche la perche qui s’éloigne, dans un balancement mou.
    
    Eric la rejoint alors qu’elle enfile ses dragonnes. Elle prend le temps de rajuster ses gants avant de partir, pendant qu’il règle une fois de plus ses chaussures.
    
    Christine admire le paysage. La montagne n’est jamais la même. Un nuage et elle devient sinistre. Un rayon de soleil, la voilà plus lumineuse que les plages des tropiques. Le moment qu’elle préfère, c’est la tombée de la nuit, quand le massif prend doucement des tons rosés, puis bleus, de plus en plus sombres, jusqu’à disparaître. Quelle magie ce serait de voir ça d’en haut !
    
    Eric la ramène à une réalité plus triviale en lui tendant une barre de nougat. Le grand air, ça creuse ! Les émotions aussi.
    
    — Ça a été ?
    — Pas trop mal. Je suis rouillé ! Il est long, quand même…
    — Tu parles ! Le plus long et le plus raide de tout le domaine. Ça se mérite ! Avoue que la vue était belle.
    
    Elle ne le regarde pas acquiescer. Il skie moins bien qu’elle, mais il a pris de l’aisance ces derniers jours. Christine ne se sent plus obligée de se cantonner aux itinéraires faciles pour lui, même si elle doit l’attendre au bas des pentes les plus raides. Il lui a même proposé une randonnée dans les Trois Vallées, vendredi prochain.
    
    Elle ...