1. Le bal


    Datte: 28/07/2018, Catégories: fh, hplusag, jeunes, campagne, danser, fête, hdomine, dispute, Voyeur / Exhib / Nudisme portrait, Auteur: Musea, Source: Revebebe

    Le soleil lançait ses derniers rayons quand elles arrivèrent aux premières maisons du village, colorant les façades de rose. Les habitants s’étaient massés sur la grand-place et on entendait déjà, portés par le vent d’ouest, les premiers accords de violons et de vielles.
    
    — Dépêchons-nous, je ne voudrais pas rater la première danse…
    — Ne t’inquiète pas Anita, il est tout juste dix heures, et le bal ne commencera jamais avant la nuit… nous avons encore un peu de temps.
    — Aie, quelle horreur ces petites rues, on se tord les chevilles comme de rien ici.
    — Ne marche pas si vite, je n’arrive pas à te suivre. Je sais bien que tu grilles d’impatience de voir si ton bel inconnu te fera danser mais pense un peu à moi… j’ai encore moins l’habitude des talons hauts.
    — C’est vrai excuse-moi… Je vais attendre avec toi le début du bal sur la placette, comme ça, tu m’diras comment tu trouves le monsieur de notre perchoir…
    — Tu sais, je ne sais pas si je pourrai te dire quelque chose sur lui. Je suis loin d’avoir une perception parfaite des gens, surtout des nouveaux venus !
    
    Les deux jeunes filles étaient parvenues à la petite place qui surplombait la grande, celle du marché en contrebas, à laquelle on accédait par une rue en pente.
    
    Une balustrade de pierre et deux marronniers centenaires sous lesquels les vieux aimaient à s’asseoir et discuter les beaux après-midi d’été, bordaient ce promontoire tout à fait idéal et désert en cette fête de la St Jean.
    
    Anita entraîna son ...
    ... amie sur le banc qui permettait une vue plongeante sur la grand-place. De là, elles purent admirer les villageois endimanchés, les musiciens du petit orchestre improvisé et même une partie du bûcher de St Jean, que les hommes n’allaient pas tarder à allumer.
    
    Claire regardait la scène avec tendresse mais aussi une pointe d’ironie : elle aurait voulu revenir quelques années en arrière, pour ne voir dans cette fête qu’un divertissement populaire, avoir encore cette insouciance qui lui aurait donné le courage d’aller danser comme Anita.
    
    Seulement… seulement c’était impossible pour Claire d’aller festoyer auprès de ceux qui avaient poussé par leurs ragots, son père au suicide. C’aurait été de l’ordre de la trahison… du parjure. Et même si le renoncement au plaisir était douloureux, il valait mieux que le déshonneur.
    
    Souvent, la jeune fille s’interrogeait sur ses réelles motivations d’être restée au village après la mort de son père.
    
    Elle aurait pu monter à Clermont-Ferrand ou bien au Puy en Velay chez des cousins qui l’auraient accueillie à bras ouverts. Et la vie aurait été plus facile…
    
    L’orgueil et peut-être aussi un sens aigu d’indépendance, de liberté avaient été les plus forts : il lui fallait tenir là où ses parents avaient échoué, conquérir son autonomie malgré l’adversité.
    
    Elle avait renoncé à passer son certificat d’études, bien qu’elle fut la plus brillante élève de l’école communale et, après avoir obtenu son émancipation, elle avait repris la ferme ...
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