Dix femmes... dix destins (2) - Histoires de Sexe

Dix femmes... dix destins (2)

... l’histoire « Suzanne ».

Et c’est ainsi que huit mois après la mort de l’épouse de Daniel, une escouade de policiers, lesquels avertis par le personnel débarquent dans ledit vestiaire. Une perquisition ciblée permet de remonter jusqu’à la fille et de là à avoir des doutes légitimes, il n’y a qu’un pas que les flics s’empressent de franchir. Garde à vue et interrogatoires serrés, vont aboutir à ce qu’Adèle cette fois, crache le morceau. Elle doit tout déballer ! Comment elle a distillé le poison dans les aliments, mais la seule chose sur laquelle elle se refuse à toutes explications, c’est sur ses motivations.

Bien sûr sa présentation à un juge d’instruction d’abord puis aux trois juges des libertés et de la détention débouche sur une incarcération. Elle croupit donc en prison tout le temps d’une instruction longue et difficile puisqu’elle ne veut plus parler de rien. Des tas de psychiatres, de médecins, d’experts et de contre-experts se livrent une bataille rangée dont l’enjeu reste la santé mentale de la prévenue. Les avis divergent et en dernier ressort, c’est le juge qui décide que finalement, elle est apte à passer en Cour d’assises.

Le jour du grand cirque, arrive enfin. C’est une jeune femme aux yeux clairs et vifs qui fait son apparition devant les hommes en robe. Elle ne fixe pourtant qu’un seul point dans la salle. Et derrière des lunettes noires, il y a ce Daniel avec toujours cette pointe au cœur et son amour qui n’a jamais cessé de la faire vibrer, ...

... survivre même. Elle écoute les uns et les autres démonter sa vie, disséquer chaque période d’une si courte existence. Certains la dépeignent travailleuse et douée, d’autres comme un monstre immoral et dénué de tous sentiments.

Puis lorsqu’on lui demande le pourquoi de son acte si horrible, la jeune femme se contente de regretter celui-ci, sans pour autant l’expliciter plus que cela. Elle ne quitte pas du regard le type pour qui elle a commis l’irréparable. Enfin après des heures et des heures d’une bataille acharnée entre un procureur général défendant la société et un avocat cherchant mille excuses à un crime avoué, elle a la dernière, la parole. D’une petite voix fluette et sans que l’on puisse deviner, s’il s’agit d’une mise en scène ou pas…

— Je… suis désolée. Je sais bien que c’est trop tard et personne ne peut revenir en arrière. Je voudrais demander pardon à tous ceux à qui j’ai fait du mal. Je regrette amèrement ce que j’ai fait et je comprends la punition. J’assumerai jusqu’au bout…

Alors le jury se retire et revient moins de trois heures plus tard. Cette fois, debout la brune scrute le visage de celui qui envers et contre tout reste dans son cœur et son esprit. C’est au tour du Président de la cour d’assises de donner la lecture du verdict.

— Mademoiselle… Le jury vous a reconnu coupable de l’assassinat de Madame… et…

Le reste se perd dans la mémoire de la jeune femme qui n’entend plus rien. Sauf peut-être le chiffre de ces années qui vont compter double ...