Découverte - Histoires de Sexe

Découverte

... même compris qu’elle était très portée sur la religion et qu’elle ne s’occupait jamais de la maison.

Bien entendu, je n’ai rien dit à la boulangerie. J’inventai le pieux mensonge d’un coup de main donné à Jeanne pour déplacer des meubles et ce fut tout.

Le dimanche suivant, je réussis à réunir mes frères et une tante autour de ma mère pour parler de l’affaire. La décision fut vite prise, mes désirs personnels étaient de peu de poids devant le salaire proposé : il fallait accepter de travailler chez le notaire ! Le lendemain, je rencontrai Jeanne à nouveau pour lui donner mon accord.

La boulangère a beaucoup pleuré. Le boulanger est même sorti un instant de son fournil pour me dire qu’il me regretterait. Il a fallu presque un mois pour qu’ils me trouvent une remplaçante et j’ai pu partir vivre chez le notaire.

* *

*

— Madame, Monsieur, je vous présente Martine que je me propose de former pour qu’elle puisse me remplacer à votre service, ainsi que je vous en ai déjà parlé.

Ce lundi d’automne, me voici dans le grand salon, en face de Me Duveyx et de Madame. À côté de moi, Jeanne est souriante et me présente à mes futurs patrons.

Très impressionnée, je me tiens raide dans la petite robe noire que Jeanne m’a fait acheter. J’arrive à balbutier un vague « Bonjour Madame, bonjour Monsieur » pendant qu’ils m’examinent de la tête aux pieds. Monsieur prend la parole :

— Bonjour Martine. Nous avons été très peinés d’apprendre que Jeanne désirait nous quitter. ...

... Mais elle nous a dit le plus grand bien de vous et, à vous voir, sans doute a-t-elle raison. Cependant, je réserve mon jugement jusqu’à ce que je vous aie vue à l’œuvre. Écoutez bien Jeanne, elle est parfaite, si vous arrivez à faire aussi bien qu’elle, nous vous embaucherons.

Il se tourne alors vers son épouse et lui jette un regard interrogateur. Madame semble sortir d’un songe :

— Ah, oui… Martine ? Bien… oui… Dites-moi, ma fille, faites-vous vos prières le soir ? Et allez-vous à la messe ?
— Allons, ma chère, là n’est pas l’important.

Monsieur a un petit sourire d’excuse et me regarde.

— Ne répondez pas, Martine. Faites correctement votre travail, c’est tout ce que l’on vous demande.

Jeanne et moi nous retirons et elle m’emmène dans ma petite chambre pour que je puisse m’installer. Tout en me regardant vider ma valise, elle s’assoit sur le lit pour bavarder un peu :

— Je me demandais comment te présenter Madame. Eh bien, elle l’a fait elle-même ! Tu vois, elle est toujours comme ça, perdue dans ses bondieuseries. Elle a fait transformer son vestiaire en oratoire, tu verras, c’est une vraie chapelle avec prie-Dieu, statues et même de l’encens. Elle y passe une bonne partie de ses journées.
— Étonnant ! C’est pourtant une belle femme… et jeune aussi.
— Pas tant que ça, détrompe-toi, elle n’a que trois ou quatre ans de moins que Monsieur. Lui, il se vieillit pour inspirer confiance à ses clients. Elle, c’est à croire que la religion, ça la rajeunit, elle ...