1. Joyeux Noël


    Datte: 25/06/2018, Catégories: fh, froid, fête, conte, délire, Humour Auteur: Herminie, Source: Revebebe

    ... elle ne soit plus une enfant, même pas petite, c’est resté. On continue à lui faire moult recommandations sur les dangers de la forêt et les bêtes sauvages qui l’habitent, en particulier le grand méchant loup. Il s’est même trouvé des gens pour raconter que le loup avait dévoré Mère-grand et avait pris la place de la vieille, avant de la dévorer, elle. De petits malins ont aussi expliqué qu’elle était tranquille depuis l’intervention de valeureux chasseurs qui les avaient sorties toutes les deux de l’estomac de la bête immonde. Les gens racontent vraiment n‘importe quoi.
    
    En réalité, la seule mésaventure qu’elle ait eu à déplorer, c’est la première fois où elle a eu l’idée d’une entorse au menu : fromage et bouteille de rouge. Ils ont attiré la convoitise d’un corbeau. Il a fondu en piqué sur le panier et s’est envolé avec, en haut d’un arbre. Marie-Groseille était consternée. Un renard par l’odeur alléché est passé dans le coin, a récupéré le fromage après négociations et s’est barré avec le butin, le corbeau ayant déjà sifflé toute la bouteille. Vraiment le pompon !
    
    Elle en revint aux vraies valeurs :Galette et petit pot de beurre.
    
    Adoncques, si les gens réfléchissaient deux minutes, ils sauraient qu’elle n’a jamais croisé le loup. Pas dans la forêt, en tout cas.
    
    Elle arrive à la dernière maison du village.
    
    — Eh ! Petit Chaperon rouge ! T’as quoi dans ton panier ? C’est vrai que le loup a de grandes dents ? Et c’est quoi ces moon-boots vertes ...
    ... ?
    
    Petit-Pierre. Le garçon le plus nul du monde. Sa bête noire. Il en loupe pas une. Enfants, ils étaient tout le temps fourrés ensemble. Il est devenu très bête en grandissant. Mignon, certes, mais vantard, collant et pas subtil pour deux sous. Ce qui l’agace le plus, c’est sa manière de tourner autour du panier, de demander ce qu’il y a à l’intérieur, alors qu’il en connaît fort bien le contenu, comme s’il en avait uniquement après son petit pot de beurre et sa galette. Elle le lui collerait volontiers à la gueule, mais il a un grand-père sympa, c’est un vieil ami de Mère-grand. Et puis, c’est Noël.
    
    — Joyeux Noël, Petit-Pierre !
    
    Petit-Pierre n’aime pas qu’on lui accole « petit ». La réponse fuse : un paquet de neige qui vient s’écraser sur le chaperon.
    
    — Mes plumes de dinde !
    
    Marie-Groseille pose son panier et saisit la neige à pleines mains.
    
    — Allez ! Dis-moi ! Y’a quoi dans ton panier cette f…
    
    Le coup bien ajusté cloue le bec de Petit-Pierre.
    
    — Mes oignons !
    — Et quand on les a épluchés, on trouve ton petit pot de beurre ?
    — Canard ! Occupe-toi de ton chat !
    — P’tite dinde farcie !
    
    La bataille est interrompue.
    
    — Bonjour Marie-Groseille. Pierre, au lieu de jouer, aide-moi à charger le traîneau !
    
    Le grand-père est sorti de la maison.
    
    — Joyeux Noël, Grand-père !
    
    Marie-Groseille saisit son panier rageusement – mais dignement – et poursuit sa route.
    
    — Joyeux Noël, Marie-Groseille !
    
    Prenons un peu de hauteur et suivons la scène à quelque distance. ...
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