Tourments
Datte: 20/05/2018,
Catégories:
ff,
hh,
fplusag,
jeunes,
Auteur: CannelleS, Source: Revebebe
... de la porte, Jérémy avait toujours le regard tourné vers moi.
Je suis restée allongée un long moment, tentant de reconnecter mes neurones, me frottant les yeux. Je sentais le souffle chaud de Sandrine entre mes seins. La lune baignait la pièce d’une lueur argentée. Plus aucun bruit ne parvenait de la rue, je n’entendais que le faible vrombissement du réfrigérateur. La nuit m’a paru calme, très calme. Trop. Et une petite inquiétude a commencé à montrer son nez. Une petite voix.
Qu’est-ce que tu fais là, Steph ?
Cette même petite voix qui s’était pointée après l’épisode du magasin. Cette petite voix qui m’avait entraînée aux enfers.
Tant bien que mal, je me suis dégagée sans réveiller Sandrine. Sur un fauteuil j’ai trouvé un plaid et l’en ai recouverte. Elle n’a même pas grogné.
Je suis allée me planter à la fenêtre. Une grande fenêtre du sol au plafond. J’ai observé la rue, les réverbères, les voitures qui dormaient, les fenêtres en face. Pas une âme qui rôdait. Le Monde sommeillait. Une situation peu idéale pour me changer les idées. Il ne fallait pas que je plonge, pourtant. Dieu sait. J’avais donné.
Un rideau a bougé. Furtivement. Je l’ai vu du coin de l’œil. J’ai fixé l’endroit un moment, mais il n’y eut plus de mouvement.
Tu as couché avec Sandrine…
La lune m’a semblé énorme, blanche, électrique. Presqu’aveuglante. Et, oui, j’avais couché avec Sandrine. Oui, elle m’avait déshabillée. Oui, je l’avais caressée. Et plus encore.
Un bruit métallique ...
... a retenti dans la rue. Mais je n’ai aperçu personne. Un chat devait avoir renversé une poubelle, sans doute. Le regard baissé, j’ai vu mes avant-bras, éclairés par la lune. J’ai pris conscience de mon corps nu, à la fenêtre. Je m’en fichais. Peut-être un homme était-il planqué derrière ce fichu rideau. Puisse le spectacle lui avoir plu.
Tu as joui…
Ma vessie m’a poussée vers les toilettes. Sandrine avait bougé. J’ai réajusté le plaid sur elle. Et, oui, j’avais joui. Oui, fort. Puis je m’étais endormie dans ses bras.
Tu as aimé…
Le froid de la lunette m’a pincé la peau. Le menton dans les mains, j’attendais que mon jet se tarisse. Oui, j’avais aimé.
Et alors ?
« L’amour est beau, Steph, quel qu’il soit ! »
Merci Tony, bien dit ! Même dans un rêve. Je me suis mise à penser à Naïa…
Il n’y avait pas foule dans le réfrigérateur. Mais un fond de bouteille de jus d’orange fit mon bonheur. Je le buvais au goulot en tenant la porte quand j’ai senti le menton de Sandrine se poser sur mon épaule, ses seins se presser contre mon dos, ses bras enserrer ma taille. D’une toute petite voix, presqu’un souffle, elle m’a dit :
— Merci…
J’ai rangé la bouteille. J’ai refermé la porte du réfrigérateur, desserré l’emprise de Sandrine et me suis tournée face à elle. Je l’ai à mon tour prise dans mes bras.
— Tu n’as pas à me dire merci…
— Si, ma chérie. C’était tellement inattendu, j’avais tellement espéré…
Puis elle a posé sa joue contre la mienne. Et a murmuré ...