1. Merci, Harshad


    Datte: 14/07/2021, Catégories: fh, fhh, couleurs, Collègues / Travail voyage, cérébral, Partouze / Groupe initiatiq, Auteur: Tito40, Source: Revebebe

    ... lui, un peu agacé. Son côté terre-à-terre l’empêchait de prendre cet homme au sérieux, et ça ne lui avait pas échappé.
    
    — Philippe, je vous sens absent.
    — Pas réellement. Mais j’ai du mal à vous suivre, en effet.
    — Ne cherchez donc pas à me suivre. Suivez votre cœur.
    — Je préfère suivre ma raison. Et ce que vous dites n’est pas raisonnable. Je suis perdu.
    — L’envie est-elle raisonnable ? L’amour de l’argent est-il raisonnable ?
    — Je suppose que oui. Mais pourquoi cette question ?
    — Philippe, n’y voyez aucune animosité. Mais je peux lire en vous. Je vous connais mieux que vous ne vous connaissez vous-même. Je sens en vous une cupidité maladive dont nous pourrions parler vous et moi. Je sens aussi des frustrations tenaces à ne pas assez posséder, quelque chose qui vous rend malheureux et qui cache les trésors de votre cœur. De ça aussi nous pourrions en parler si vous le souhaitez.
    
    Philippe m’a regardée, la bouche ouverte, comme s’il venait de prendre un uppercut au foie. Harshad s’est alors adressé à moi :
    
    — Chalipa, c’est un joli prénom.
    — En effet, oui.
    — Savez-vous ce qu’il signifie ?
    — Mes parents me l’ont dit. Oui. Celle qui franchit, celle qui traverse. C’est assez vague.
    — Moins vague qu’il n’y paraît. Ce prénom évoque aussi les pionniers, ceux qui découvrent malgré le risque, ainsi que l’aventure au sens le plus noble du terme.
    — Je l’ignorais.
    — Vos parents ne pouvaient vous appeler que Chalipa. Vous êtes exactement ce que votre prénom veut dire, ...
    ... je le sais, et je sais que vous l’ignorez ou que vous le refusez. Vous êtes bloquée par votre image, trop soucieuse du paraître. Je vois en vous des trésors que vous n’imaginez même pas. Vous êtes une très belle personne cachée derrière un masque.
    
    Cette fois, c’est moi qui suis restée pantoise. Ces quelques mots prononcés par un homme que nous ne connaissions pas quelques minutes avant m’ont bouleversée. Et ce n’était pas seulement ses mots, mais aussi sa façon de parler, sa façon de me mettre à nu, sa façon de me regarder avec une infinie bienveillance.
    
    Il nous a proposé à tous les deux de le revoir seul à seul pour avancer, si nous le souhaitions, pour une discussion plus approfondie. Philippe a immédiatement décliné poliment. J’ai hésité quelques secondes, et avant même que j’aie répondu, il m’a regardée en me disant « C’est entendu, venez me voir à 17 heures. » Il avait compris que j’allais accepter.
    
    Avec Philippe, nous avons passé quelques heures à relire nos notes et à préparer les questions suivantes. Nous avons également débriefé avec notre patron au téléphone avant de faire une balade dans le parc. Un parc consacré aux dieux du bouddhisme autant qu’à la méditation, fait d’arbres centenaires et de petites étendues d’eau couvertes de nénuphars.
    
    À 17 heures précises, je me suis présentée à Harshad dans son pavillon.
    
    — Vous êtes ponctuelle, Chalipa.
    — C’est la moindre des choses.
    — Êtes-vous prête à me faire confiance ?
    — Puisque vous lisez en moi, vous ...
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