Séduction
Datte: 07/07/2021,
Catégories:
ffh,
voisins,
jalousie,
nonéro,
Humour
sf,
Auteur: Hidden Side, Source: Revebebe
... s’arracher du sol. Pichon s’engouffra dans la petite pièce, pour en ressortir aussitôt, toussant et crachant comme un perdu. Un âcre voile de fumée noire y rendait l’atmosphère irrespirable.
N’écoutant que son courage, Jeannine Mignardot se couvrit le visage avec un mouchoir de la taille d’une serviette de table et fonça dans le brouillard opaque qui emplissait la kitchenette. Quelques secondes plus tard, il y eut un grincement de fenêtres à battants que l’on ouvre à la volée, puis Jeannine ressortit de la petite pièce, les yeux larmoyants, mais plutôt fière d’avoir mené à bien sa manœuvre.
Le smog menaçant s’étiola rapido-presto. Pichon en profita pour évacuer les restes calcinés de l’honorable soufflet, reconverti en fumigène. Quelques minutes plus tard, la cambuse encombrée avait retrouvé son aspect habituel.
Jeannine, dont la vue allait nettement mieux, ne fut pas longue à repérer la bouteille de Château Petrus 1988, négligemment posée sur la petite table de cuisine bancale. À côté de ce nectar prestigieux reposait un magnifique bouquet de roses, presque déplacé dans cette pièce sentant le graillon.
— Eh bien ! Soufflé au saumon, pinard de rupin, gerbe de roses… tu lui refuses rien à ta vieille mère ! persifla la créature.
Bien que n’ayant pas inventé la poudre, Jeannine n’en était pas moins dotée d’un cerveau, dont elle n’avait pas égaré le mode d’emploi. Depuis qu’elle avait débarqué chez lui à l’improviste, l’attitude de Francis lui avait paru plus que ...
... louche : il n’avait jamais était aussi emprunté ! Son « biquet » allait devoir s’expliquer, et vite…
— Jeannine, tu as raison. Je n’ai pas été tout à fait honnête avec toi, admit finalement Pichon.
— C’est pour une femme, toutes ces attentions, n’est-ce pas ?
— Je… eh bien, depuis quelques jours, je me sens différent. Comme si j’étais devenu subitement quelqu’un d’autre, éluda Pichon.
Jeannine le considérait avec un regard de chien battu, les yeux rougis et humides, s’attendant au pire. Avant de s’expliquer, Pichon lui proposa d’aller s’asseoir au salon pour goûter ensemble « cette pure merveille qui lui avait coûté les yeux de la tête ». Ils s’installèrent sur le canapé, un verre de millésimé à la main.
— Que lui dire ? se demandait Pichon, partagé entre l’envie de jouer cartes sur table et la crainte d’être pris pour un dément. Ou pire, un affabulateur…
Il ne voulait pas blesser d’avantage la secrétaire. Cette pauvre femme était déjà assez déboussolée comme ça.
— Heu… eh bien, durant ce week-end un peu particulier, il se trouve que mon vrai « moi » s’est révélé à ma conscience… commença Pichon.
Le regard de Jeannine exprimait une totale incompréhension. Il se reprocha aussitôt cette façon de procéder. Elle devait penser qu’il essayait de noyer le poisson.
« Eclaircir la situation sans la faire souffrir inutilement ». Tu parles, plus facile à dire qu’à faire !
— En fait, l’homme que tu vois devant toi ce soir n’est pas celui que tu as aimé, finit par ...