1. L.... comme Elles (1)


    Datte: 16/05/2018, Catégories: Erotique, Auteur: Orchidée, Source: Xstory

    La porte refermée sur l’effervescence de la salle des délibérations, la blonde donnait l’impression de reprendre ses esprits dans le silence studieux de la pièce à peine troublé par le tic-tac répétitif d’une pendule à balancier rescapée de la préhistoire, au moins du milieu du 20ème siècle. Les agents rédactionnels se succédaient, la relique demeurait en place comme le symbole d’une époque révolue, quand les piles de mémos rédigés à la main encombraient l’espace.
    
    Après trois années à œuvrer au sein du service correction d’une maison d’édition dont je tairai le nom, j’avais enfin une pièce à moi. Il ne s’agissait pas d’un véritable bureau avec mon patronyme sur la porte, mais le changement était appréciable. La correction dans l’édition ne se borne pas à vérifier la grammaire, la conjugaison ou la syntaxe, mon rôle était de fluidifier le récit ; je m’explique :
    
    L’écriture demande énormément de temps ; or, un auteur ne peut humainement pas se mettre au travail devant son clavier avec le même état d’esprit pendant des mois, voir des années, la limpidité s’en ressent, comme des microcoupures hachent le visionnage d’un film. Mon boulot consistait à gommer les imperfections du mode narratif.
    
    Restructuration oblige, cette tâche fut confondue avec la syntaxe en milieu d’année 2018. Quant à moi, et un collègue dans le même cas, je me réveillai affublée du titre pompeux d’aide rédactionnelle avec un bel avantage, la possibilité d’effectuer le plus gros du travail chez moi ; ...
    ... mais avec un sacré inconvénient, les risques d’être dérangée par un coup de fil de l’auteur n’importe quel jour à n’importe quelle heure.
    
    Ce jour-là, donc, une écrivaine dont plusieurs titres figuraient dans notre catalogue se lançait dans un exercice différent qui requérait quelques connaissances d’ordre privé. Mon implication dans la communauté lesbienne parisienne de notoriété publique, son agent fit appel à mes services.
    
    D’emblée, je me sentis évaluée par le regard noisette incisif ; la femme de 47 ans, au charme certain à défaut de réelle beauté, possédait de l’assurance à revendre. Ses trois romans d’aventure édités chez nous trahissaient cette fermeté de caractère, d’ailleurs ; à se demander si je pouvais vraiment lui apporter un soutien quelconque. Enfin ! J’étais payée pour m’occuper de ce projet.
    
    Anne, nous l’appellerons ainsi, avait enseigné la littérature classique à la Sorbonne pendant quinze ans. Mariée à un homme qui aurait pu être son père, mère d’un garçon désormais assez grand pour se débrouiller seul, elle se complaisait dans un quotidien qui portait bien son nom, jusqu’à « la rencontre », celle à ne jamais faire selon ses propres mots, aux conséquences dévastatrices.
    
    Inutile d’être titulaire d’un master en communication pour deviner la présence d’une étudiante dans l’amphi, les regards de plus en plus insistants, lourds de sous-entendu, quelques allusions au cours d’un travail dirigé peut-être, un contact provoqué déguisé en hasard, l’envie de ...
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